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Denis Coderre: «Je pense que je vais être réélu»

Photo: Mario Beauregard/Métro

Le maire sortant de Montréal, Denis Coderre, mise sur le bilan de son premier mandat qu’il qualifie d’«exceptionnel» pour se faire réélire le 5 novembre. «La ville se transforme, la ville est belle», juge-t-il du sommet de la Place-Ville-Marie, où Métro l’a rencontré.

Vous dites que vous êtes pour le développement et que vous avez de grands projets pour Montréal. Est-ce qu’un maire doit parfois aller à l’encontre de l’acceptabilité sociale pour faire grandir sa ville?
On est pour la consultation, mais arrive un moment où on doit prendre des décisions et on doit expliquer pourquoi. C’est sûr qu’il y a des gens qui seront contents et d’autres non. Gouverner, c’est choisir, mais on doit vivre avec parce que ce n’est pas juste pour les prochaines élections qu’on pose des gestes, c’est pour préparer les futures générations.

Si vous êtes pour le développement et que vous avez de l’ambition, comment expliquez-vous votre opposition à un projet comme celui de la ligne rose du métro?
On vient d’avoir 6,1G$ pour le Réseau électrique métropolitain (REM). On a eu 3G$ pour le pont Champlain, on a eu Turcot qui a coûté plusieurs milliards de dollars. Nous dire que les 29 stations vont se faire sans aucun problème, sans plan d’ingénierie, qu’on va faire un appel, que Québec va répondre et qu’on va avoir de l’argent, ce n’est pas ça la réalité de la vie. Qu’est-ce qu’on fait après ? Il y a des gens qui vont dire qu’il y a la ligne jaune qui est due et il y en a d’autres qui vont dire, avec raison, qu’il faut compléter la ligne orange, parce qu’il faut l’intégrer au REM. Il n’y a personne qui est contre plus de métro, mais il faut donner l’heure juste aux gens et être réalistes.

Mais justement le REM, ç’a débloqué très rapidement…
On a pris les moyens pour le faire, mais c’était la chose à faire. C’était aussi le fruit d’un travail de plusieurs années, où on parlait d’un train de l’Ouest, où on parlait de trouver des solutions pour la couronne sud en même temps.

Le prolongement de la ligne bleue, on en parle depuis très longtemps et dans le dernier Plan québécois des infrastructures, il est toujours à l’étape de projet. Comment allez-vous vous assurer que ça se fasse dans votre prochain mandat?
On a créé l’Agence régionale des transports métropolitains (ARTM). On a une gouvernance et une structure qui nous permet de dire qu’on est en mode réalisation. Le gouvernement, dans les prochaines semaines, va être sur le dossier d’affaires.

La ligne bleue et le REM, ça va être assez pour résoudre à long terme les problèmes de fluidité?
Non, pas du tout. Mais ce qu’on a fait entretemps va aider aussi. On a réglé le problème d’achalandage en construisant le garage Côte-Vertu qui va augmenter de 25% la fréquence. Et on va ajouter dix rames de train. En ayant les garages Côte-Vertu et Montmorency, ça va permettre de passer la fréquence de 2 minutes et demi à 2 minutes. La stratégie du centre-ville, le fait qu’on va augmenter la densité, les gens vont avoir moins besoin de voitures et vont travailler à proximité de là où ils demeurent. On est même en train de changer l’organisation du travail.

«Ce qu’on a fait en quatre ans, il y a des gens qui disent qu’on aurait pu le faire en quinze ans. On a mis les bouchées doubles.» –Denis Coderre, maire sortant de Montréal

Des citoyens vous reprochent d’agir rapidement, sous le coup de l’impulsion, par exemple avec les calèches, les pitbulls. Que leur répondez-vous?
Non, non, les pitbulls, c’est la sécurité des humains avant les chiens. Demandez à la famille de [Christiane] Vadnais si on a réagi trop rapidement. Il y a une question d’instinct politique aussi. Vous voulez des gens qui sont authentiques, qui sont capables de prendre des décisions et de vivre avec. Ce n’est pas parce que quelqu’un n’est pas d’accord avec la décision que c’est mauvais. Au niveau des calèches, on a raffermi les règlements pour que les choses se fassent adéquatement. Ce n’est pas de l’improvisation.

A posteriori, vous n’auriez pas agi différemment?
Non, il n’y a pas de regrets. Tu prends une décision et s’il y a des choses qui ne fonctionnent pas, tu t’ajustes en conséquence. Le bilan, ce n’est pas juste les pitbulls. Demandez-vous de quoi Montréal avait l’air il y a quatre ans. On avait honte, on parlait de corruption. Là, non-seulement on est intègre, mais on a une gestion responsable. On n’a jamais investi autant dans les infrastructures, la ville se transforme, la ville est belle. C’est correct d’être contents. C’est correct de se dire qu’on a eu du succès, pis c’est correct de se dire que Montréal est magnifique présentement.

Vous avez dit il y a deux semaines: «on a réglé tous les problèmes qu’on avait à régler à Montréal». Donc il n’y a plus rien à faire?
Non, il y a beaucoup de choses à faire. Il y a plein de dossiers qui restent à être réaliser. Trois ans de travail ardu nous a amené un statut de métropole. Ce n’est pas rien. Cette transition va transformer complètement Montréal dans les cinq prochaines années. Vous allez avoir un REM, vous allez avoir la ligne bleue, un SRB [service rapide par bus] sur Pie-IX, le pont Champlain va être terminé, on va avoir presque complété [l’échangeur] Turcot. On est en train de vivre des moments assez exceptionnels et, pour les trois quatre prochaines années, on va avoir le même taux de croissance. On a mis la table. On ne définit plus le monde en terme de pays ou de continents. Ce sont les villes l’avenir. Alors, on a la capacité d’être au centre de tout parce qu’on a fait nos devoirs et qu’on se transforme. Il n’y a rien de parfait, on a encore beaucoup de choses à faire, mais on est dans la transformation.

Vous parlez beaucoup du statut de métropole. Si vous n’aviez pas eu le statut de métropole, est-ce que ça aurait été difficile de faire un bilan si positif?
Non, il y a une vision et un legs pour l’avenir. On peut parler de bien des dossiers, mais ça va très bien à Montréal. Oui, il y a encore des choses à faire, mais on a jamais investi autant dans les transports publics. Oui, les cônes oranges, ça fatigue, mais quand je suis arrivé, on investissait 600M$ dans les infrastructures. Juste pour la mise à niveau, c’est 2,1G$ par année, et on est rendus à 1,4G$.

Vous ne souhaitez plus répondre aux questions concernant la Formule E. Mais vous attendiez-vous à autant de critiques dans ce dossier?
Si la Formule E était à Toronto, comment les gens auraient réagi? L’important pour moi est qu’on n’aura jamais assez d’événements à Montréal. Si vous avez des gens de partout dans le monde qui veulent venir s’installer à Montréal, je ne dirai pas non à ça.

C’est la première fois que vous êtes en réélection en temps que chef. Les critiques de votre administration sont centrées sur vous. Trouvez-vous cette campagne plus difficile que quand vous étiez au fédéral?
C’est sûr que tu ne fais pas l’unanimité. C’est sûr que tu ne peux pas plaire à tout le monde. Mais si tu ne veux pas de trouble, fais rien. À date, je peux vous dire que le courant passe.

Vous ne vouliez pas dans cette campagne être l’opposition de l’opposition, mais Projet Montréal vous force quand même à sortir sur plusieurs thèmes?
Ils ne me forcent à rien. Mais à un moment donnée, il faut être factuel. Tu ne peux pas dire n’importe quoi. Je peux vous promettre mer et monde, mais au bout de ligne, ça ne marchera pas. Ça augmente le cynisme et on dit: «encore les politiciens». Avec moi, vous allez avoir l’heure juste.

En 2013, vous aviez dit que votre parti ne serait là que pour le temps des élections. Vous avez en effet recruté plusieurs de vos adversaires, mais vous votez presque toujours en bloc à l’hôtel de ville. Y aura-t-il une ligne de parti à l’hôtel de ville ces quatre prochaines années?
Il n’y a pas de ligne de parti à l’hôtel de ville. On se parle avant, puis on décide. Et puis, ça devient une décision unanime. Nous, on représente la vraie coalition.

Votre vision n’a pas changé? Forcément en arrivant d’Ottawa en 2013, vous aviez besoin de faire des alliances avec des gens en place.
Non, ça n’a pas changé. J’ai des alliés, on a grandi et j’avais mes preuves à faire. Et j’espère que les gens apprécient. La partisanerie dans le monde municipal, ça n’a pas sa place. Il faut être réaliste, avoir une certaine flexibilité et une capacité à prendre des décisions à un moment donné.

Si vous êtes défait. Allez-vous rester en politique?
Je pense que je vais être réélu. Ceci dit, je ne prends rien pour acquis. Ça ne m’est même pas passé par la tête. Ça va tellement bien à Montréal. On a tellement réalisé des choses.

Biographie

  • Denis Coderre est âgé de 53 ans.
  • Il est père de deux enfants
  • Il détient un baccalauréat en sciences politiques et une maîtrise en administration des affaires (MBA).
  • Il s’est lancé en politique en 1988, mais n’a pas été élu avant 1997.
  • A été député fédéral de la circonscription de Bourrassa de 1997 à 2013.
  • Élu à la mairie de Montréal en novembre 2013.

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