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Réduire la place de l’auto pour sauver des vies

Fleurs déposés sur le chemin Camilien-Houde en mémoire du cycliste Clément Ouimet Photo: Josie Desmarais/Métro

Le 4 octobre dernier, Clément Ouimet, sportif de 18 ans, est mort sur la voie Camillien-Houde qui traverse le mont Royal, de l’avenue du Parc au chemin de la Côte-des-Neiges. Un véhicule a illégalement fait demi-tour et coupé le chemin du jeune cycliste de 18 ans qui descendait la montagne.

Avec raison, des voix se sont levées une nouvelle fois pour demander un réaménagement de cette route.

Quelques jours plus tard, j’ai fait l’ascension silencieuse de Camillien-Houde en mémoire du jeune cycliste. Je m’y suis rendu directement du bureau, avec mon vieux vélo hybride sur lequel est monté mon siège de bébé.  Je faisais figure d’exception parmi les cyclistes sportifs avec leurs vélos en carbone, vêtus de leurs maillots de course et casques ultralégers. En 25 ans de militantisme cycliste, je n’avais jamais vu cette gang à un événement (ou du moins, avec ces vélos et vêtements!). Leur voix, dans ce débat sur la sécurité routière en milieu urbain, était nouvelle pour moi. Et je crois qu’elle l’était aussi pour les médias et les élus.

Cette voix des sportifs passionnés de cyclisme, comme l’était Clément Ouimet, est importante. Elle vient renforcer celle des usagers de tous les jours qui essaient de se faire entendre face aux accidents récurrents devenus presque banals, même si des décès sont constatés chaque année et que chaque semaine un cycliste est blessé grièvement dans la métropole.

Après des décennies d’immobilisme en dépit des demandes répétées de groupes de cyclistes urbains et d’écologistes à l’égard de cette voie dangereuse, la mort de Clément va peut-être enfin faire bouger les élus de la Ville de Montréal. À la suite de cet incident, un comité a été mis sur pied pour étudier les changements potentiels qui pourraient être apportés sur la voie Camillien-Houde. Or, le risque est que l’on aborde ce problème sous la seule lorgnette de l’entraînement  des cyclistes sur cette voie.

Le mont Royal: parc ou autoroute?
La réalité, c’est qu’au fil des ans de nombreux cyclistes et piétons ont été blessés ou tués aux abords du parc du Mont-Royal. Ce joyau, le plus important espace vert de Montréal,  est scindé en deux et complètement ceinturé par des routes qui n’ont pas leur place en ville. Des voies encombrées par les automobiles,  comme l’avenue du Parc, l’avenue des Pins et le Chemin de la Côte-des-Neiges, qui ont 6 et parfois 8 voies de large! Il n’y a aucune façon d’accéder au parc du Mont-Royal sans traverser l’une de ces artères.

La voie Camillien-Houde doit être fermée au transit automobile, comme l’ont déjà recommandé de nombreux acteurs communautaires et groupes d’experts, pour redonner le mont Royal aux citoyens, piétons et cyclistes, comme il a été imaginé dès le départ. Il devrait demeurer également ouvert aux autobus, dont il faudra augmenter la fréquence. Selon Vélo-Québec, on diminuerait ainsi de 80% les risques d’accident mortel. Cela doit se faire immédiatement, avant même les conclusions du comité. Pas dans un mois, pas dans 6 mois. Maintenant!

Le comité mis sur pied par le maire de Montréal doit faire des recommandations non seulement sur la voie Camillien-Houde, mais aussi sur tous les accès piétons et cyclistes au Parc du Mont-Royal. Analyser uniquement Camillien-Houde et son utilisation pour l’entraînement des cyclistes serait de toute façon insuffisant puisque ces derniers  doivent emprunter d’autres voies pour se rendre sur Camillien-Houde, et plusieurs s’entraînent en faisant des boucles qui les amènent à traverser d’autres rues, comme Côte-des-Neiges, Decelles, Édouard-Montpetit, Maplewood et Côte-Sainte-Catherine.

Concrètement: il faudra réduire la place et la vitesse de l’automobile sur ces artères. Le temps de déplacement à l’heure de pointe pour les automobilistes n’en sera augmenté que de quelques minutes. Mais pour une fois, pourrions-nous nous dire que ces minutes sont moins importantes que la vie d’un jeune homme?

L’accès au mont Royal doit être la pierre angulaire d’une stratégie montréalaise d’aménagements sécuritaires pour vélos et piétons.

Clément doit être non seulement le dernier cycliste, mais bien le dernier humain à se faire tuer par une voiture aux alentours du mont Royal.

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