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Le manque de médecins pèse de plus en plus dans Hochelaga

Photo: Josie Desmarais / Métro

Alors qu’un des six seuls omnipraticiens pratiquant à Hochelaga prendra sa retraite en janvier, la relève médicale snobe toujours le quartier. Si bien que certains craignent qu’une des deux seules cliniques du quartier ne ferme ses portes.

«Si un docteur tombe malade et qu’on n’a pas de nouveau médecin, il y a un risque que ça ferme. Les médecins de famille sont épuisés», se désole le Dr Nabil Salem, chirurgien affilié à la Clinique médicale Joliette, où il y a actuellement quatre médecins de famille, dont deux âgés de plus de 75 ans. L’un d’eux prendra d’ailleurs sa retraite à la fin décembre.

Le directeur de la clinique, qui préfère ne pas être nommé, dit qu’il songe lui-même à sa retraite et convient qu’il y a des risques de fermeture en l’absence de relève. «J’ai été opéré. Je viens de faire une fracture du bras. Je n’ai plus la même énergie. J’ai 78 ans. Je suis encore bon, mais je ne sais pas pour combien de temps», dit-il.

«J’exagère à peine, mais trois ou quatre médecins pour 50 000 personnes, ça n’a pas de bon sens. On est à Montréal, pas à Ouagadougou.» – Dr Nabil Salem

L’autre clinique du quartier, la clinique 3600, compte deux médecins qui font du sans rendez-vous. Si les propriétaires ne craignent pas une fermeture, ils conviennent qu’il a été difficile de maintenir les consultations après de nombreux départs à la retraite.

Le directeur de la Clinique Joliette admet être démuni face à ce problème. «On ne sait pas quoi faire. On ne trouve pas de nouveaux médecins. Je ne sais pas où ils les envoient, soutient-il, ajoutant que les jeunes médecins ne veulent peut-être pas venir travailler avec la population d’Hochelaga.»

La députée d’Hochelaga, Carole Poirier, décrie la situation depuis déjà plusieurs mois et réclame des actions rapides de la part du ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette. En ce moment, l’attribution de permis se fait pour le territoire du CLSC Lucille-Teasdale, qui couvre les quartiers de Rosemont, d’Hochelaga et de Mercier, déplore Mme Poirier. «L’an passé, on a eu 11 permis et les médecins ont été dans deux cliniques principalement, soit la clinique Maisonneuve, à l’hôpital, et la clinique Angus, dans Rosemont, précise-t-elle. Il faut que ce soit juste Hochelaga-Maisonneuve si on veut que les médecins viennent.»

En entrevue avec Métro, le ministre Barrette explique que la délivrance de permis sera effectuée en territoire encore plus petit pour la prochaine cohorte, au printemps. «Le problème est dans le quartier Hochelaga, alors ce sera le quartier Hochelaga, dit-il. Mais je ne peux pas forcer [un médecin] à aller dans une clinique existante. Je vais au maximum de mes capacités légales.»

Le Dr Salem s’explique mal la situation. «La Fédération des omnipraticiens du Québec (FMOQ) dit que les jeunes veulent travailler en groupe et ne veulent pas prendre le risque financier d’ouvrir une clinique, dit-il. Pourtant, nous, on a tout les équipements et les spécialistes. Ils n’ont qu’à venir. C’est un beau quartier.»

Carole Poirier rapporte que les équipements ne seraient pas assez modernes dans les cliniques, ce qui les désavantagerait. Désespérée que la situation perdure, elle souhaite instaurer un programme pour attirer des médecins de l’étranger. «Si nos Québécois ne veulent pas venir, on va aller les chercher ailleurs. On a des médecins français qui arrivent régulièrement, qui cherchent des stages et des emplois à Montréal», dit-elle.

Le ministre Barrette souhaite aussi que les médecins arrivant de l’étranger soient «dirigés vers Hochelaga et Montréal-Nord», où il y a également des besoins. Pour ce qui toutefois d’une solution à très court terme, par exemple face à ce nouveau départ à la retraite, Gaétan Barrette se fais plus évasif, disant que ce sont «des choses qu’on regarde avec la FMOQ».

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