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L’opposition montréalaise prédit «une mort lente» du marché Jean-Talon

Photo: Josie Desmarais/Métro

Des marchands et la formation politique Ensemble Montréal croient que le projet de place du marché Jean-Talon, qui doit éliminer une dizaine de places de stationnement, aura un effet néfaste sur le commerce du marché public et demandent la suspension immédiate des travaux.

«C’est le début d’une mort lente pour le marché si l’administration va de l’avant avec la place du marché Jean-Talon», a martelé mercredi le chef de l’opposition, Lionel Perez, en point de presse avec des commerçants du marché.

Le copropriétaire de Birri, Lino Birri, a affirmé sans ambages que ce sera «la fin» de son commerce si la place voit le jour au lieu des espaces de stationnement. «On nous empiète le seul endroit qui peut être utilisé par des camions pour recevoir la marchandise et les livraisons qu’on fait aux restaurants. On doit fermer une partie de l’entreprise, sinon toute l’entreprise», soutient celui dont la famille tient boutique au marché depuis plus de 50 ans.

«Ce n’est pas une question de dix espaces de stationnement comme le prétend [François] Croteau, mais une question d’accessibilité. Le stationnement sous la SAQ n’a pas d’ascenseur et si quelqu’un achète 50 livres de patates, il ne va pas le transporter dans les escaliers», a ajouté M. Perez, qui réclame une suspension immédiate des travaux.

Le contrat pour les travaux dans ce secteur a été octroyé le 13 juin dernier par le comité exécutif. Il inclut notamment la réfection des infrastructures souterraines et de la rue Shamrock, ainsi que la place du marché Jean-Talon. L’aménagement de celle-ci coûtera environ 500 000$.

Si l’ouverture de la rue Shamrock a déjà commencé, le stationnement et les environs de la SAQ n’ont pour l’instant pas été touchés.

Joe Romito, du marché Tania, dénonce le manque de consultation dans ce dossier. «Le bijou du marché Jean-Talon, ce n’est pas la SAQ ou la place qu’il veulent faire. Les bijoux du marché, c’est les producteurs comme moi ou la famille Birri qui sont là depuis 50 ans. Quand tu enlèves dix stationnements sur 30 [à l’extérieur], ça affecte des centaines de personnes qui viennent», a fait valoir M. Romito.

M. Birri a souligné que «beaucoup de commerçants ont déjà quitté, en raison de tous les problèmes d’accessibilité». «Ça ne fait qu’empirer. Quand ils ont construit la SAQ, il y a quatre ans, on a mis le stationnement au sous-sol et nous avions demandé au minimum un ascenseur, mais après quatre ans, il n’y en a pas», déplore-t-il.

Le producteur André Plouffe a rapporté qu’il «n’y a pas moins de clients, mais la clientèle prend moins.» «Au lieu de prendre une poche de patates, les gens prennent seulement un panier, a-t-il illustré. Nous, on est producteurs, on produit en masse, on ne peut pas vendre que des petites quantités.»

Selon lui, les vignettes de stationnement dans le secteur, le changement des sens uniques et la réduction des espaces de stationnement extérieurs ont causé cette situation. «On ne nous consulte pas. On vient empiéter toujours sur notre côté. On manque de place», a plaidé M. Plouffe.

Selon M. Birri, on change la vocation même du marché qui se détache de «la nourriture» et des «produits frais» vers une mission pour les touristes.

«Le projet de la place publique va redynamiser le côté ouest du marché qui est un peu abandonné selon certains commerçants.» -Josée Gauthier-Tétrault, directrice de la corporation des marchés publics de Montréal, qui assure que l’équilibre entre marché local et tourisme est scruté de près.

«Rectifier les faits»

L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, la corporation des marchés publics de Montréal (CMPM) et la Société de développement commercial (SDC) de la Petire-Italie réfutent les allégations de l’opposition et des commerçants.

«Nous voulons rectifier les faits, car trop de faussetés ont été dites dans les dernières semaines», a lancé la directrice de l’arrondissement, Josée Bédard, qui menait un point de presse plus tard en journée, puisque les élus sont en vacances présentement.

«Depuis 2016, 14 activités de consultations ont été faites et il y a eu 2000 participants, a insisté Mme Bédard. Les commerçants les plus touchés ont été rencontrés personnellement par la chargée de projet.»

Ces rencontres ont d’ailleurs permis d’identifier des zones de livraison supplémentaires et des espaces de stationnement qui pourraient servir à s’y garer pour un maximum de 15 minutes. «Cette négociation a été faite ensemble, a témoigné la directrice de la SDC, Cristina D’Arienzo. J’écoute les commerçants et ils ne sont pas tous d’accords selon leur type de commerce. Le problème n’est pas nécessairement le stationnement, mais s’ils ont un accès en arrière et l’endroit où ils font leur livraison.»

Mme Bédard a ajouté qu’on ne peut pas ignorer les 375 places de stationnement souterrain, même s’il n’y a pas d’ascenseur du côté ouest. «C’est un ensemble et il y a un stationnement souterrain côté Henri-Julien avec un ascenseur. 10 places de stationnement ça représente 2% de l’offre globale sans compter les espaces sur rues», a-t-elle affirmé, précisant que le maire Croteau s’était engagé à regarder la possibilité de construire un ascenseur de l’autre côté. L’élaboration d’un plan directeur pour tout le secteur a également été annoncée par M. Croteau à la fin juin.

Puisque le contrat a déjà été octroyé, «l’aménagement pour la place Shamrock et la place publique ira de l’avant», a confirmé Josée Bédard. «Mais le projet est toujours perfectible. Si on est capable de trouver des solutions pour un équilibre entre commerçants et riverains, c’est toujours possible», a-t-elle déclaré.

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