Cinq chantiers montréalais sous observation

Cinq grands chantiers de la métropole croqués par la lentille de cinq photographes: voilà la prémisse de l’exposition Chantiers, qui commence vendredi à la galerie Espace Projet. Chacun à leur manière, l’échangeur Turcot, l’autoroute Bonaventure, le CUSM, le CHUM, et le site de l’Hippodrome de Montréal ont soulevé des débats. Chacun à leur manière, ces chantiers changeront le visage de Montréal. Armés de cinq démarches artistiques différentes, Rodolphe Beaulieu-Poulin, Olivier Laplante-Goulet, Marie-Lyne Quirion, Alexandra Boucher et Alexandre Cv partagent leur vision de la chose.

L’échangeur Turcot/Rodolphe Beaulieu-Poulin
«Symbole de l’ère de l’automobile des années 1960, l’échangeur Turcot a aujourd’hui mal vieilli, et sa reconstruction oppose deux conceptions: la vieille et la nouvelle façon de penser les villes. Alors qu’à son inauguration, l’échangeur était vu comme une ouverture de Montréal sur le monde, aujourd’hui son quartier est complètement isolé. C’est ce que j’ai tenté de montrer dans mes photos, tout en exposant également de façon poétique la nature qui tente de reprendre le dessus sur le béton.»

Autoroute Bonaventure/Olivier Laplante-Goulet
«Je travaille tout près de l’autoroute Bonaventure, donc je la vois tous les jours. Pour l’exercice de l’expo, j’ai dû par contre changer ma vision quotidienne de cette construction, et celle, classique, qu’on se fait de l’autoroute Bonaventure – avec la ville en arrière-plan. Étant à la base designer industriel, j’ai donc privilégié une approche graphique pour exposer une vision de l’avant, du pendant et de l’après reconstruction de l’autoroute qui mettra, entre autres, fin au clivage entre Griffintown et la Cité du Multimédia.»

Centre universitaire de santé de McGill (CUSM)/ Marie-Lyne Quirion
«Quand on m’a assigné le CUSM, je me suis mise à lire tous les articles sur le projet. Je me suis intéressée à l’image du projet qui était véhiculée dans les médias et à sa perception favorable qu’on voulait véhiculer. J’ai donc imaginé une installation où se mêlent une photographie de patient – on ne doit pas les oublier! – mais également un casse-tête à construire et représentant le CUSM, ainsi qu’un château de cartes où apparaissent les différents titres des articles parlant du projet.»

Centre hospitalier de l’université de Montréal (CHUM)/Alexandra Boucher
«En faisant des recherches sur le CHUM, je me suis intéressée à sa chronologie et j’ai décidé d’exploiter cette facette. Avec différentes caméras, j’ai croqué les mêmes sujets, sous les mêmes angles, pour évoquer le passage du temps. La saga du CHUM a débuté en 1995! À l’époque, le numérique n’était pas encore la norme. J’ai donc décidé d’utiliser tout d’abord une caméra argentique format carrée, ensuite une argentique 35mm, une réflex, et finalement un iPhone, pour présenter le chantier en quatre temps.»

Site de l’Hippodrome de Montréal/ Alexandre Cv
«Le site de l’Hippodrome de Montréal est le seul des chantiers de l’expo qui n’est pas encore débuté. C’est un terrain en transition, un immense terrain vague de 22 acres. Rares sont les espaces aussi vastes dans une ville. Tranquillement, la nature a repris le dessus sur ces formes singulières en attente d’être détruites, ses écuries, ses estrades, son panneau d’affichage: autant de vestiges du passé qui seront amenés à disparaître et remplacés par un nouveau quartier résidentiel. Avec ma caméra, j’ai tenté de capturer ce passé qui ne se reproduira plus.»

Chantiers
À l’Espace Projet
Du 26 octobre au 11 novembre