Les enfants montréalais souffrent encore de la faim
La proportion d’enfants nécessitant des services d’aide alimentaire continue d’augmenter à Montréal. C’est ce que révèle le Bilan-Faim 2012 présenté mardi par Moisson Montréal.
Selon les données compilées auprès de 198 organismes de la métropole, le pourcentage d’enfants ayant eu recours aux banques alimentaires dans la dernière année représente maintenant 40,9 % du nombre total d’usagers, contre 37 % en 2011. «Ces chiffres indiquent que les familles n’arrivent plus à boucler leur budget. Elles sont les premières à pâtir des conditions de vie difficiles dans les grands centres urbains», déplore la directrice des communications chez Moisson Montréal, Sandra O’Connor.
À 40,9 % d’enfants utilisateurs, les banques alimentaires de Montréal se situent bien au-delà des moyennes nationales et provinciales, respectivement de 38 % et 32,6 %. Malgré cette proportion en hausse, le nombre d’enfants montréalais ayant besoin d’aide alimentaire est resté stable à environ 26 000 depuis l’an dernier. La hausse s’explique donc par la diminution du nombre total d’usagers qui, de mars 2011 à mars 2012, a diminué de 4,25 %.
«C’est une légère amélioration, mais doit-on s’en réjouir?, demande le directeur général de Moisson Montréal, Dany Michaud. Plus de 142 000 personnes font encore appel aux services d’aide alimentaire, c’est beaucoup trop.»
Fait étonnant, les ménages qui tirent leur principal revenu d’un emploi constituent à Montréal le deuxième plus haut pourcentage d’utilisateurs des banques alimentaires (10,8 %), derrière les prestataires de l’aide social (61,5 %). «Le prix des denrées a augmenté de 30 % dans les dix dernières années alors que les salaires n’ont augmenté que de 10 %. Avoir un emploi n’empêche pas d’être pauvre», constate le directeur général des Banques alimentaires du Québec (BAQ), Zachary O. Rhissa.
À la lumière des données présentées mardi, les organismes sondés ont formulé des recommandations pour lutter contre la faim, dont l’augmentation du nombre de logements abordables, une hausse du salaire minimum et la mise sur pied d’un fonds fédéral de sécurité alimentaire.
Le Bilan-Faim est effectué chaque année au Canada pour la période du 1er au 31 mars. Bien que l’étude donne un portrait détaillé de l’aide alimentaire à un moment précis, les BAQ rappellent que le bilan ne permet pas de dégager de tendances à long terme.