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Pour une approche «musclée» contre l’insalubrité

Photo: Yves Provencher/Métro

Des groupes de défense des locataires ont dénoncé mercredi l’inaction de la Ville de Montréal face aux propriétaires d’immeubles insalubres.

Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) déplore le fait que de nombreux arrondissements sont aux prises avec des problèmes d’insalubrité sans que la Ville n’intervienne de façon convaincante. «L’approche municipale consiste à inciter les propriétaires fautifs à collaborer plutôt qu’à leur forcer la main. De toute évidence ça ne marche pas», clame la porte-parole du RCLALQ, France Emond.

Réunis devant le désormais célèbre domaine Renaissance, emblème de la lutte contre l’insalubrité dans l’arrondissement de Saint-Léonard, différents organismes ont pris part au dévoilement d’une «maison des horreurs».  «Ici même au Domaine Renaissance, les infestations de punaises, de coquerelles et de rongeurs sont monnaie courante depuis les années 1990», s’insurge la coordonnatrice d’Action dignité Saint-Léonard, Sylvie Dalpé. À cela s’ajoute tous les inconvénients liés à la moisissure et aux infiltrations d’eau. Selon Mme Dalpé, à Saint-Léonard comme dans plusieurs autres arrondissements montréalais, la Ville a abandonné les locataires à leur sort.

En 2010, la Direction de santé publique avait dressé un portrait sombre des conditions de vie au Domaine Renaissance, relevant non seulement des problèmes de vermine, mais également plusieurs cas d’asthme et de maladies de peau chez les enfants qui y habitent. Malgré des travaux d’extermination menés par la Ville, les conditions de vie au Renaissance, jugées «indécentes» par le RCLALQ, ne se sont guère améliorées. «Je n’ai jamais rien vu de tel, explique Émile Yoto, locataire au domaine depuis le mois d’avril. Les cafards sont notre lot quotidien. Des gens sont venus trois ou quatre fois pour traiter mon logement, mais le produit utilisé est totalement inefficace.»

À titre d’exemple, Action dignité Saint-Léonard rappelle que, après 3 576 avis de non-conformité, 603 constats d’infraction et des poursuites de 500 000 $ contre les anciens propriétaires du Renaissance, ces derniers s’en sont tirés avec une amende de 250 000 $ à la suite d’une entente hors-cour. «Les propriétaires préfèrent payer de petits dédommagements que de restaurer leurs bâtiments», s’indigne Sylvie Dalpé.

Les groupes membres du RCLALQ ont mis en commun leurs revendications pour les présenter au responsable de l’habitation et du logement social à la Ville, Gilles Deguire. «On demande à M. Deguire de prendre ses responsabilités ou de laisser sa place à quelqu’un qui aura les nerfs de le faire», explique Mme Emond.

Le cabinet de M. Deguire n’a pas retourné l’appel de Métro.

Logements sociaux
Le domaine Renaissance est récemment passé aux mains de la société immobilière Groupe Mach.

  • Les nouveaux propriétaires sont présentement en négociation pour construire près de 150 unités de logement social sur le site.
  • Les autres bâtiments du domaine changeront vraisemblablement de vocation. Le RCLALQ craint la disparition des logements locatifs au profit d’immeubles à condos.

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