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Une Nuit des sans-abri à saveur politique cette année

Photo: Claude Majeau

Au cours de la 29e Nuit des sans-abri, qui se déroulera vendredi soir, le nouveau gouvernement de François Legault sera interpellé sur les questions de logement et d’itinérance afin qu’il agisse rapidement.

«Citoyens et citoyennes dans la rue», c’est le thème choisi cette année par le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes (RAPSIM), qui vise à rappeler que les sans-abri sont des citoyens comme les autres, pour qui le gouvernement a le devoir d’agir et dont les besoins sont immenses.

«On espère que le ou la nouvelle ministre va venir faire un tour à la Nuit, parler aux gens qui travaillent et vivent dans le milieu, puis se mettre en action rapidement après l’événement pour que la politique de lutte à l’itinérance ait les moyens de se déployer», a déclaré jeudi le directeur du RAPSIM, Pierre Gaudreau, ajoutant que les itinérants ont «droit de cité, malgré leur situation difficile».

Le premier gros chantier sur lequel devra s’attaquer le gouvernement est le logement social. Celui-ci est sous financé depuis des années, d’après le RAPSIM, alors que les besoins sont énormes et que les constructions de plusieurs milliers d’unités de logement se font encore attendre.

Pas moins de 14 000 unités ont été prévues par le gouvernent de Philippe Couillard dans les derniers budgets, mais aucune d’entre elles n’a encore vu le jour, d’après le RAPSIM. La formation politique de François Legault s’est engagée au cours de la campagne électorale à réaliser les projets mentionnés dans les budgets libéraux.

«Ça veut dire que le premier budget du nouveau gouvernement va devoir avoir des crédits supplémentaires pour permettre ces réalisations et ces logements-là», a indiqué M. Gaudreau. Si les coupes budgétaires ont mis un frein aux investissements dans le domaine du logement ou des services sociaux, le président du RAPSIM a expliqué que dorénavant, la Coalition avenir Québec n’aurait aucune excuse pour ne pas réinvestir.

À Montréal, la mairesse Valérie Plante avait promis, en mars dernier, la construction de 950 logements sociaux destinés aux itinérants, en plus de s’engager pour la création de refuges où il sera possible de consommer de l’alcool (communément appelés wet shelters).

Actuellement, 358 unités de logements sociaux sont en chantier, selon le commissaire aux personnes en situation d’itinérance à la Ville de Montréal, Serge Lareault. Concernant les wet shelters, M. Lareault a affirmé qu’une étude de faisabilité était en cours et que les résultats seront dévoilés au printemps 2019. Si les conclusions de l’étude s’avèrent concluantes, l’administration municipale compte ouvrir un premier refuge de consommation d’alcool supervisé à la fin de l’année 2019 ou début 2020.

L’organisme Chez Doris, qui vient en aide aux femmes itinérantes ou en situation d’extrême pauvreté, a vu changer le visage de l’itinérance dans les dernières années. La directrice de l’organisme, Marina Boulos-Winton, voit davantage de femmes âgées, accompagnées d’enfants, ou des demandeuses d’asile qui réclament de l’aide matérielle ou de l’accompagnement social.

Les plus vulnérables, rapporte Mme Boulos-Winton, sont les femmes autochtones, notamment celles qui sont seules, qui retombent très souvent dans la rue même après avoir obtenu un logement.

«Il faut rehausser l’aide qu’on donne à ces femmes, a-t-elle exhorté. Elles sont très vulnérables et vivent toutes sous le seuil de pauvreté».

Pour Mme Boulos-Winton, il faut impérativement augmenter les fonds publics attribués aux organismes de lutte à l’itinérance. Les dédales administratifs et bureaucratiques du financement leur mettent des bâtons dans les roues, a-t-elle souligné.

«On a un problème, par exemple, lorsqu’on reçoit de l’argent du gouvernement pour placer une femme en logement. On ne peut pas la placer dans un logement déjà subventionné parce que c’est considéré comme un dédoublement de programme, mais la grande difficulté est alors de trouver un logement abordable et salubre dans le secteur privé. Les femmes vont se retrouver à payer bien plus que 25% de leurs revenus dans les loyers», a-t-elle expliqué. Elle a précisé que les logements subventionnés permettent justement de payer un loyer équivalent au quart de ses revenus.

La Nuit des sans-abri débutera vendredi à 17h30 au Square Philips pour une marche de solidarité. Ensuite, la vigile nocturne et diverses activités sociales et culturelles auront lieu dès 19h, au Square Cabot.

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