Projet Royalmount: désastre annoncé ou opportunité pour Montréal?
Les 65 mémoires déposés jusqu’ici dans le cadre de la consultation publique par la Ville de Montréal sur le projet Royalmount témoignent de la polarisation du débat. État des lieux.
Habitation
Le projet Royalmount reçoit un accueil généralement positif de la part du Montréal inc. L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation au Québec souligne dans son mémoire que «le projet du groupe Carbonleo permettrait de créer un milieu de vie recherché par les acheteurs souhaitant demeurer sur l’île de Montréal, tout en cadrant avec certains objectifs de la métropole (que d’ici 2031, 60% des nouveaux ménages choisissent d’habiter dans un quartier densifié). Le cabinet d’architectes Rayside Labossière mentionne toutefois que l’ajout de 6000 habitations, qui n’était pas prévu au départ, fait en sorte que celles-ci sont reléguées en périphérie du mégaprojet de divertissement, de bureaux et d’hôtels alors qu’elles devraient se situer en son cœur. Pour l’architecte et urbaniste Jean-Claude Marsan, le promoteur est en train de rééditer la même erreur qui a été faite dans Griffintown et les Montréalais risquent de nouveau d’obtenir un quartier «dysfonctionnel, aux paysages banals, en quête d’écoles, de parcs et de vie».
Transport
Les défenseurs du projet avancent notamment qu’une passerelle piétonne et cycliste permettra de relier le site à la station de métro De la Savane, la seconde moins achalandée du réseau souterrain. Les opposants rétorquent que l’étude du promoteur a sous-estimé de près de moitié l’achalandage automobile supplémentaire ajoutant 15 minutes de bouchons sur des axes déjà surchargés que sont les autoroutes 15 et 40. L’expert en tramway, Réjean Benoit, croit qu’en rajoutant 4km au projet tabletté de tramway entre le centre-ville et l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, «on pourrait offrir au Royalmount une réelle desserte en transport en commun, tout en reliant le projet avec ses quartiers voisins où 8300 nouvelles unités d’habitations ont vu le jour ou sont sur la table à dessin. La Ville de Mont-Royal soutient qu’une partie de la solution aux bouchons viendrait du raccordement du boulevard Cavendish qui peine à se concrétiser.
Divertissement
Le projet du Royalmount qui comprend cinq hôtels, deux salles de spectacles, une centaine de restaurants et bars, un parc aquatique et un aquarium, en plus de bureaux pour 15 000 employés, reçoit l’assentiment de Tourisme Montréal «si les activités s’avèrent suffisamment attractives, distinctives et complémentaires à l’offre existante». D’autres croient, au contraire, qu’il viendra cannibaliser les autres centres commerciaux, de même que les salles de spectacles de la région. Le Partenariat du Quartier des spectacles mentionne dans son mémoire que les deux salles de spectacle du Royalmount totalisant 4500 places devront forcément concurrencer les autres salles montréalaises pour être rentables dans un marché où les ventes de billets stagnent depuis huit ans.
Politique
La Ville de Montréal se dit «inquiète» face au projet, l’arrondissement de Saint-Laurent veut sa révision et la Ville de Côte-Saint-Luc recommande de revoir la circulation dans le secteur. Mais c’est Ville Mont-Royal, où est localisé le projet, qui a le gros bout du bâton, ce qui illustre certains problèmes de gouvernance sur l’île de Montréal. «Nous estimons inconcevable que l’administration d’une municipalité d’une vingtaine de milliers d’habitants […], puisse avaliser un projet de l’ampleur du Royalmount sans avoir de comptes à rendre à l’ensemble de la région, et notamment aux municipalités adjacentes qui subiront les impacts multiscalaires du projet», a insisté l’Observatoire de la mobilité durable dans sa présentation.
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