Fin des repas à 1$: des parents et des organismes frustrés
Des organismes communautaires ainsi que des familles de Pointe-Saint-Charles et de Saint-Henri se sont rassemblés jeudi devant l’école primaire Charles-Lemoyne pour exiger des autorités politiques le maintien des repas à 1$ pour les enfants «qui en ont besoin».
D’après la carte de la défavorisation 2018 du Comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal – qui se base sur le recensement 2016 de Statistiques Canada – le quartier de Pointe-Saint-Charles n’est plus considéré comme un quartier défavorisé. C’est que le développement urbain, l’embourgeoisement et l’arrivée de foyers plus nantis ont changé la donne; les revenus sont aujourd’hui plus élevés à l’échelle du secteur.
Près d’une quinzaine d’écoles primaires sont visées par cette requalification économique, dans le Sud-Ouest, dans Saint-Michel, dans Hochelaga-Maisonneuve, dans Rosemont–La Petite-Patrie et dans Verdun notamment.
«Les repas du midi passeront cette année de 1$ à 8$ si on inclut les frais de garde», ont scandé les manifestants à l’unisson jeudi après-midi, dans les rues de Montréal, plaidant que la situation ne reflète pas la réalité financière actuelle, qui est disent-ils bien différente d’une famille à l’autre. D’après eux, cela implique de devoir payer 3$ de plus pour le service de garde dès la rentrée et 5$ pour chaque repas de leur enfants. Une hausse frisant les 1300$ par année.
La commissaire indépendante de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) dans Saint-Henri, Violaine Cousineau, était de la manifestation jeudi. Elle a martelé que les enfants du Sud-Ouest «ont besoin» de ces repas chauds au quotidien, tout comme «ceux qui ont faim dans l’un des pays les plus riches au monde».
La présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon, a assuré à Radio-Canada que les écoles «qui sortent de la mesure» se verront offrir des collations pour leurs enfants «à tous les jours». Elle affirme que chaque établissement pourra «bonifier» le protocole par plusieurs mesures, mais confirme que la commission scolaire ne pourra offrir un repas à tous les élèves dans les zones touchées, «étant donné qu’on n’a plus le financement» nécessaire.
«Réponse de la présidente de la CSDM: on va leur offrir des collations. Je suis sciée. Des miettes de biscuits pour compenser la perte d’un repas chaud complet et équilibré.» – Violaine Cousineau, commissaire indépendante de la CSDM, sur sa page Facebook.
Mme Cousineau, qui est aussi membre du comité de vigie sur la mise en œuvre de la Politique sur la qualité des services de garde à la CSDM, a déploré la réponse de la présidente de la commission scolaire. Peu après le rassemblement de jeudi, elle a parlé d’une «magnifique mobilisation» pour la justice financière.
Appelant à la mobilisation, Le babillard des familles de Pointe–Saint–Charles et l’organisme communautaire Action-Gardien dénoncent «une situation inacceptable» à laquelle il faut «trouver rapidement des solutions». Ils somment le gouvernement québécois et la CSDM d’investir incessamment pour corriger le tir.
Or, le ministère de l’Éducation n’aurait pas l’intention d’intervenir, disant avoir déjà investi plusieurs dizaines de millions de dollars dans le plus récent budget provincial pour financer la réussite des élèves en milieu défavorisé.
Rappelons que l’arrêt de la mesure alimentaire pour les écoles primaires concernées entrera en vigueur dès le mois de septembre 2019.