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Tarification sociale: «On en a besoin plus rapidement»

Quelques dizaines de personnes se sont réunies à la station de métro Lionel-Groulx afin de dénoncer les hausses de tarif du transport en commun en juillet prochain. Photo: Josie Desmarais/Métro

Une centaine de personnes ont manifesté mardi aux abords du métro Lionel-Groulx pour rappeler l’«urgence» d’une tarification sociale pour le transport en commun et l’importance du «droit à la mobilité».

Organisée à l’initiative du Mouvement pour un transport public abordable (MTPA), la manifestation mettait en scène un véritable parcours à obstacles illustrant les dépenses s’accumulant pour les personnes à faible revenu: nourriture, loyer, électricité, téléphone, médicaments, vêtements, transport, etc.

Des besoins de bases auxquels viennent s’ajouter la hausse prochaine des tarifs de la Société de transport de Montréal (STM).

Dès le 1er juillet, le coût d’un aller simple sur le réseau de la STM passera de 3,25 à 3,50$. Le forfait mensuel augmentera de 1,50$ pour se fixer à 86,50$.

Les titres individuels du Réseau de transport de Longueuil et de la Société de transport de Laval augmenteront également de 25¢.

«La hausse parait modeste à première vue, mais il faut la mettre en perspective et savoir ce que représente 3,50$ pour une personne qui ne couvre même pas la moitié de ses besoins de base, a soutenu Jean Lalande, porte-parole du MTPA. Plusieurs sont déjà dans une situation où ils doivent choisir avec beaucoup de parcimonie leurs déplacements.»

Le groupe propose l’instauration d’une tarification sociale, système dans lequel le prix du déplacement serait directement lié au revenu de l’usager. Des mesures semblables existent déjà à Gatineau, Calgary, Edmonton et Toronto, notamment.

«Parfois, on doit choisir entre une pinte de lait et un billet d’autobus. Mais se déplacer est souvent indispensable» –Olga Cherezova, de l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de l’Est de Montréal

«L’absence de tarif social est très contraignante pour plusieurs personnes», a estimé Olga Cherezova, conseillère budgétaire au sein de l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de l’Est de Montréal. Si des gens ne se déplacent pas parce qu’ils n’ont pas d’argent pour payer leur ticket, ça les bloque encore plus parce qu’ils n’ont pas accès à des services pour les aider, ils restent isolés chez eux.»

Selon des données de 2015, près de 18% de la population montréalaise, soit environ 340 000 personnes, vivait dans une situation de faible revenu.

«Le besoin de transport en commun a beaucoup augmenté, a soutenu Jean Lalande. Les commerces abordables de proximité ont disparu. Avec la gentrification, les gens se sont dispersés, loin de leur réseau et de leur famille. Les services publics fusionnent et s’éloignent des quartiers. Les besoins augmentent, les coûts augmentent, mais le budget disponible des gens diminue. L’enjeu du droit à la mobilité ne se posait pas avant, mais il devient criant. On est rendu l’étape d’un tarif pour les gens à faible revenu. On en a besoin plus rapidement.»


Le prix d’un aller simple pour la STM, la RTL et la STL augmentera de 25¢ à compter du 1er juillet. Photo: Josie Desmarais/Métro

À l’ARTM de trancher
L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), qui a pour mandat d’harmoniser le coût du transport en commun dans le Grand Montréal, étudie présentement la possibilité de mettre en place une tarification sociale dans le cadre de l’instauration d’une nouvelle grille tarifaire, qui aura lieu de 2020 à 2024.

«Il faut finaliser la grille tarifaire pour qu’ensuite puissent s’appliquer toute tarification sociale, a fait valoir Simon Charbonneau, conseiller aux affaires publiques de l’ARTM. Le dossier [de la tarification sociale] va continuer à cheminer.»

Selon une consultation menée par l’ARTM auprès de 3565 résidants de la région métropolitaine, 63% des personnes sondées se disaient favorables à un prix réduit pour les personnes à faible revenu.

L’implantation d’une tarification sociale faisait partie des engagements de Projet Montréal lors de la dernière campagne électorale.

En 2017, un rapport d’un comité de travail de la STM affirmait que d’implanter un «tarif réduit admissible aux adultes d’un ménage à faible revenu» engendrerait des «pertes de revenus» de 23,6 M$ à 28,3 M$ par année pour la société, qui devrait en plus débourser près de 3M$ en frais administratifs.

Avec Zacharie Goudreault

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