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Profilage racial: la pression augmente en faveur d’un moratoire sur les interpellations au SPVM

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Photo: Archives | Métro

Un élu indépendant réclamant un moratoire «immédiat» sur les interpellations policières discriminatoires à Montréal vient d’obtenir des appuis de taille, dont celui d’un ancien ministre fédéral de la Justice.

Le conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand, présentera lundi après-midi en séance du conseil municipal une motion demandant un moratoire immédiat sur les contrôles de rue routiniers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Sa demande reçoit l’appui de plus d’une quinzaine d’organismes montréalais, dont la Ligue des Noirs, le Conseil national des musulmans canadiens et l’Association jamaïcaine de Montréal.

Cette dernière a d’ailleurs envoyé une lettre la semaine dernière à la mairesse de Montréal, Valérie Plante, pour l’interpeller à cet effet.

«La communauté noire n’acceptera rien de moins qu’il ne soit mis fin aux membres de notre communauté qui sont arrêtés dans les rues de Montréal sur la suspicion injustifiée que si l’on est noir, on est un criminel», souligne le document, qui est signé par le président de l’organisme, Michael Smith.

Rappelons que les interpellations policières sont des contrôles aléatoires de l’identité des personnes qui ont lieu de façon routinière dans les rues de la métropole. Elles ne sont pas nécessairement liées à une enquête ou à une infraction.

«Un appui de taille»

Cette motion fait écho à un rapport accablant concernant les interpellations policières publié le mois dernier. Le document soulignait, entre autres éléments, que les personnes noires avaient en moyenne plus de quatre fois plus de chances d’être appelées à s’identifier auprès des agents du SPVM que les personnes blanches. Le rapport faisait aussi état d’une surreprésentation des personnes arabes et autochtones parmi les personnes ayant fait l’objet d’interpellations policières entre 2014 et 2017. 

«Je suis inquiet pour le respect des droits des minorités», a réagi à Métro l’ancien ministre fédéral de la Justice Irwin Cotler, qui appuie cette motion. Le Montréalais, qui a occupé cette fonction ministérielle sous le gouvernement libéral de Paul Martin de 2003 à 2006, oeuvre aujourd’hui au sein du Centre pour les droits de l’homme Raoul Wallenberg, qui a ses bureaux dans la métropole.

«C’est un appui de taille quand l’ancien ministre de la Justice reconnait à quel point ce dossier est important à Montréal», s’est réjoui Marvin Rotrand, qui espère ainsi convaincre les élus du conseil municipal d’appuyer sa motion.

«Ce que nous avons ici avec le rapport du SPVM, c’est une preuve concrète que les comportements discriminatoires dans les contrôles de rue peuvent affecter les personnes noires et autochtones.» -Irwin Cotler, ancien ministre fédéral de la Justice

Loi provinciale

Par ailleurs, la motion demande à la Ville de faire pression sur Québec afin que le gouvernement Legault mette en place une loi interdisant les interpellations de routine dans l’ensemble de la province. Québec emboîterait ainsi le pas à la Nouvelle-Écosse, qui a mis en place en avril un moratoire sur les contrôles de rue discriminatoires à la grandeur de la province. 

«C’est clair qu’il y a des biais systémiques dans le travail des policiers et c’est ça qui doit cesser», précise M. Rotrand, qui ne s’oppose pas aux interpellations policières qui ont lieu pour des motifs raisonnables, notamment dans le cadre d’enquêtes. 

La présentation de cette motion surviendra d’ailleurs à quelques jours de la tenue d’une présentation publique à l’hôtel de ville du rapport universitaire sur les interpellations policières, qui aura lieu vendredi matin. Les Montréalais pourront alors adresser leurs questions au SPVM en personne.

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