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Compostage: Montréal cherche à traiter 85 000 tonnes de résidus en trois ans

Compostage
Une somme de 31 M$ sera réservée à l’installation de ces bacs bruns. Photo: Archives Métro

Montréal n’attendra pas l’ouverture de l’usine de compostage dans l’arrondissement de Saint-Laurent, prévue à la fin 2021, pour revaloriser ses déchets. La Ville a lancé un appel d’offres, au début février, pour le traitement «par compostage ou biométhanisation» de 85 000 tonnes de résidus organiques mélangés. L’administration Plante entend octroyer «un ou plusieurs contrats» d’une durée de trois ans.

Ce sont surtout des résidus verts ou encore alimentaires qui sont concernés. «Montréal dispose d’un contrat pour le traitement de ces résidus organiques mélangés», confirme la porte-parole de la Ville, Gabrielle Fontaine-Giroux. Or, ce contrat vient à échéance en 2020.

«L’appel d’offres vise à assurer le maintien des services et répondre aux besoins de traitement d’ici la mise en service du Centre de traitement des matières organiques (CTMO) de Saint-Laurent. Et à assurer une période de transition lors de la première année d’opération, lors de période de pointe», précise-t-elle.

Pendant les deux premières années de son contrat, le fournisseur choisi par la Ville pourra traiter les matières dans ses propres locaux ou dans un centre de compostage désigné. Pendant la troisième année, toutefois, l’ensemble des matières collectées devront passer par le CTMO.

D’ailleurs, l’entreprise mandatée devra s’attendre à une «décroissance» des quantités à traiter dès la fin 2021, alors que le nouveau centre acapera progressivement plus de terrain et plus de ressources. Le fournisseur collectera ainsi 35 000 tonnes lors des deux premières années, avant de tomber à 15 000 tonnes la troisième année.

Des bénéfices, des risques?

Appelée à réagir, la chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki (FDS), Louise Hénault-Éthier, accueille favorablement la nouvelle, mais prévient tout de même qu’il existe certains risques.

«Si l’idée est d’accélérer la transition et d’implanter la collecte le plus rapidement possible, c’est tant mieux, parce qu’il y a déjà beaucoup de délais. L’enfouissement des matières est  déraisonnable dans un contexte de crise climatique. On a d’autres technologies.» -Louise Hénault-Éthier, chef des projets scientifiques à la FDS

Malgré tout, l’experte soulève certaines interrogations. «Est-ce que le coût à la tonne va être similaire à ce qu’on va payer quand on aura nos propres infrastructures? Où les matières vont-elles aller? Si ça se fait à 500 km de Montréal, on n’avance pas», note-t-elle, disant espérer que la «structure aura du sens d’un point de vue environnemental».

Chez Greenpeace, le porte-parole Patrick Bonin abonde dans le même sens.

«Comme solution intermédiaire en attendant l’ouverture du CTMO, c’est très bien que la Ville cherche des moyens de détourner l’enfouissement.» -Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace

Il admet aussi conserver certaines inquiétudes, notamment en ce qui concerne la circulation des matières. «Elles doivent rester dans un circuit le plus court possible, et ça prend une valorisation pour les transformer en engrais, plaide M. Bonin. Le biométhane produit doit rester au Québec, dans une optique de souveraineté énergétique et d’utilisation locale.»

Son groupe somme aussi la Ville de conserver la gestion des matières résiduelles «dans le domaine public» autant que possible.

Le compostage en bref

En 2016, un peu plus de 25 000 tonnes de résidus organiques ont été traités à Montréal. Si entre 2017 et 2018, cette quantité est demeurée relativement stable, à près de 29 000 tonnes, elle a bondi l’an dernier. Quelque 33 000 tonnes ont effectivement été collectées en 2019.

L’administration Plante invite les soumissionnaires à lui présenter un «prix unitaire à la tonne» pour la réception et le traitement des résidus organiques. «Le prix soumis doit refléter les coûts réels et tenir compte de tous les facteurs pouvant affecter l’exécution du contrat», indique le Service de l’environnement de la Ville, ajoutant qu’il ne «paiera aucun autre frais».

Montréal prévoit des pénalités financières pouvant aller jusqu’à 500$ pour chaque mauvaise pratique de son fournisseur. Tous les camions devront être pesés et déchargés rapidement, afin de pouvoir repartir sur le terrain en «maximum 20 minutes».

Les entreprises ont jusqu’au 20 février pour faire valoir leur intérêt.

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