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Transport collectif: des nouveaux cas d’employés infectés au coronavirus suscitent l’inquiétude

Transport
Un autobus du Réseau de transport de Longueuil (RTL) Photo: Pablo Ortiz/Métro

L’apparition de nouveaux cas de coronavirus chez des employés des sociétés de transport de Montréal et de Longueuil suscite de vives inquiétudes à l’interne et dans la population. Cela relance le débat sur le manque de mesures sanitaires dans les réseaux métropolitains. Selon un expert, la situation illustre que les opérateurs n’étaient tout simplement «pas prêts» pour l’arrivée d’une pandémie.

Hier soir, le Réseau de transport de Longueuil (RTL) a confirmé qu’un premier chauffeur avait été testé positif à la COVID-19. L’employé travaillait surtout dans le secteur du centre du Vieux-Longueuil. Il a cessé toute activité le 15 mars dernier.

«La Direction de la santé publique (DSP) fait enquête et va joindre toutes les personnes qui ont été en contact avec la personne infectée», indique à Métro la coordonnatrice du RTL, Alicia Lymburner, assurant que «plusieurs mesures ont déjà été mises en place» pour resserrer la sécurité, dont l’optimisation du nettoyage des surfaces «les plus exposées» des autobus.

D’après les directives de la DSP de la Montérégie, aucun détail ne sera donné quant aux «détails des trajets d’autobus effectués» par le chauffeur.

Deuxième employé infecté à la STM

À la Société de transport de Montréal (STM), le porte-parole Philippe Déry confirme qu’un deuxième cas d’employé atteint de la COVID-19 a été confirmé mercredi. L’employé, dont la fonction n’a pas été précisée, revenait de vacances et s’est immédiatement mis en isolement volontaire. Il n’a donc jamais été en contact avec des collègues. «Il ne reviendra au travail qu’au moment où ce sera approuvé par un professionnel», assure M. Déry.

La STM assure aussi «prendre la situation très au sérieux». «Nous avons déjà adapté nos méthodes de nettoyage et augmenté leur fréquence. Des produits désinfectants sont en cours de distribution auprès des employés en contact plus étroit avec la clientèle, dont les chauffeurs», ajoute le porte-parole.

Depuis le 17 mars, les usagers doivent aussi embarquer à l’arrière des autocars pour limiter les risques.

Une situation «dangereuse», dit un employé

Un employé de la STM joint par Métro, qui préfère conserver l’anonymat, offre pour sa part une toute autre version des faits. «Malgré des directives claires du gouvernement, la sécurité de centaines d’employés est mise en danger tous les jours», affirme-t-il.

Le salarié dénonce que le «personnel ouvrier», incluant chauffeurs et employés d’entretien, doit encore se présenter au travail tous les jours. «Ce n’est pas nécessaire à la livraison du service dans l’état actuel des choses. Plusieurs employés sont affectés à des projets et des travaux non essentiels», scande-t-il.

«Cette inaction n’est pas dangereuse que pour les employés, mais également pour leur famille. On parle de milliers de personnes à risque de contracter la COVID-19. Les employés des différentes unités travaillant en équipe, il leur est impossible de faire une distanciation sociale», déplore aussi le travailleur de la STM.

«La STM met volontairement toute la population en danger à cause de son refus de réduire les effectifs ouvriers.» -L’employé sous le couvert de l’anonymat

À ce sujet, Philippe Déry rétorque que «les employés requis d’être au travail contribuent aux opérations quotidiennes et permettent aux travailleurs essentiels de se déplacer». «La santé et la sécurité de nos employés est primordiale et nous réitérons que toutes les précautions et mesures requises sont en place dans les milieux de travail», assure-t-il toutefois.

Le milieu du transport «n’était pas prêt»

Appelé à réagir, l’expert en planification des transports, Pierre Barrieau, est catégorique. «Les mesures sont insuffisantes actuellement, parce que la contagion est en train de se répandre rapidement dans le transport en commun malgré le fait que les autobus et les wagons soient vides. Les risques sont importants», observe-t-il.

«Les sociétés de transport n’étaient pas prêtes, et n’avaient pas vraiment planifié ce genre d’événements. Ils ont des plans pour une attaque terroriste, pour du verglas. Mais pas pour une pandémie à long terme.» -Pierre Barrieau, aussi chargé de cours à l’UQAM et l’UDEM

M. Barrieau appelle les opérateurs du Grand Montréal à procéder rapidement à des coupures de personnel. Le tout en implantant des mesures supplémentaires.

«On peut penser à une barrière de six pieds pour protéger les chauffeurs. Aux États-Unis, il y a déjà des sociétés de transport qui installent des fenêtres entourant complètement l’employé», conclut-il.

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