Grève de la faim à Laval: «On ne peut contraindre un individu à s’alimenter», dit l’ASFC
Alors qu’une grève de la faim a été entamée mardi par plusieurs migrants pour dénoncer les conditions de détention et réclamer leur libération au Centre de surveillance de l’immigration de Laval (CSIL), l’Agence des services frontaliers (ASFC) affirme qu’elle surveille la situation de près. Les autorités ajoutent toutefois qu’elles «ne peuvent contraindre un individu à s’alimenter, ni ordonner l’alimentation d’un détenu qui avait la capacité de comprendre les conséquences de son jeûne au moment où il a pris sa décision».
Tous les détenus qui pratiquent une grève de la faim feront l’objet d’un suivi médical «assidu», assure la porte-parole de l’ASFC, Jacqueline Callin. Une gamme de services professionnels, dont une unité d’infirmerie, seront mises à leur disposition. Un médecin sera aussi disponible sur appel, 24 heures sur 24.
Par ailleurs, une dizaine de migrants ont été placés en «isolement préventif» pendant deux semaines. Les détenus, eux, réclament une libération, alors que leur environnement présente un «haut risque de contamination» à la COVID-19. «De ces 10 personnes, aucune ne présente des symptômes», affirme M. Callin. Chacune des dix personnes sont hébergées dans des sections distinctes. Elles sont confinées dans une chambre fermée mais non verrouillée, pour éviter les contacts.
«D’autres places sont disponibles si le CSI de Laval devait placer d’autres personnes en isolement préventif, ajoute la responsable. Chaque détenu peut sortir, un à la fois, pour utiliser un téléphone, accéder à une salle de bain complète. Après chaque usage, le personnel désinfecte les installations.»
Une question «d’humanité»
Plus tôt cette semaine, Métro rapportait qu’un groupe de 34 migrants détenus au CSIL avait entamé mardi une grève de la faim pour se faire entendre, devant «l’inaction des autorités fédérales». La semaine dernière, dans une pétition, ils écrivaient: «Nous vivons dans un espace restreint où tous les jours nous voyons l’arrivée de nouvelles personnes. Elles viennent d’un peu partout et n’ont passé ni de visite médicale, ni de dépistage.»
Le porte-parole des grévistes, dont l’identité est conservée anonyme, indique que son groupe «tient toujours le coup et continue son combat». «On le fait par conviction. Les conditions de détention affichent vraiment un non-respect des droits humains», tranche-t-il.
Pour la porte-parole de la Ligue des droits et libertés (LDL), Lucie Lemonde, la libération des migrants relève d’une question «d’humanité». «Les services de santé en prison ne sont pas outillés contre la pandémie. On ferme des écoles, on ferme des commerces. Mais restreindre le virus, ça passe aussi par une réduction de la population carcérale», martèle-t-elle en entrevue avec Métro.
Sa collègue Lynda Khelil ajoute qu’il en va de même pour les personnes vulnérables de la société.
«Tous n’ont pas la même possibilité de se conformer aux mesures de distanciation sociale. Les autorités doivent tenir compte des conditions de vie, notamment des personnes en situation d’errance et d’itinérance, parmi lesquelles on compte un grand nombre d’Autochtones.» -Lynda Khelil, de la LDL
L’organisme souligne que les gouvernements devront collaborer avec les organismes communautaires pour que les mesures mises en place «soient adaptées» à la réalité de chaque personne. Mais surtout «pour éviter le profilage discriminatoire dans l’espace public».
Mesures supplémentaires implantées à Laval
Une série de mesures supplémentaires ont été prises au CSI de Laval depuis le mois de février dernier, d’après Jacqueline Callin. L’ensemble du protocole sera par ailleurs révisé chaque semaine, assure-t-elle.
«En plus des mesures de nettoyage normalisées, on a pris des mesures supplémentaires pour désinfecter les lieux et installations où se trouvent les détenus et les employés. Les équipes responsables de l’entretien journalier ont bonifié la fréquence du nettoyage, entre autres, des salles de bains, des aires communes et de l’accueil», souligne la responsable.
Deux plages horaires pour chaque repas ont aussi été instaurés pour «s’assurer d’une distanciation entre les personnes détenues».