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Près d’un propriétaire sur deux «toujours en attente» de loyers impayés

immobilier Montréal
Des unités de logement sur le Plateau-Mont-Royal. Photo: Josie Desmarais/Métro

Près de la moitié (46%) des propriétaires québécois n’avaient pas reçu tous leurs paiements de loyer en date du 6 avril dernier, déplore la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) dans une nouvelle missive parue ce vendredi. Les sommes non-versées représenteraient au total quelque 148 M$.

«C’est nettement au-dessus de nos habitudes. La situation extrêmement préoccupante. On parle de montants énormes à soutenir», affirme le directeur des affaires de la CORPIQ, Hans Brouillette, en entrevue avec Métro.

Selon les données du sondage, réalisé auprès de 2594 propriétaires entre le 6 et le 8 avril, environ 14% des locataires étaient toujours «en retard pour le loyer», ce qui représente 185 000 ménages québécois, qui paient en moyenne 800$ mensuellement. La grande majorité d’entre eux, soit 86%, avaient toutefois réglé l’ensemble des paiements requis.

S’il se réjouit qu’environ trois propriétaires sur quatre (72%) aient déjà pris une entente avec leurs locataires dont le loyer est toujours impayé, M. Brouillette s’inquiète pour 47% d’entre eux, aucun moyen n’ayant été déterminé de gré à gré pour «traverser cette période difficile».

«Pour un propriétaire qui a 100 logements, c’est moins important, mais pour quelqu’un qui possède un duplex, par exemple, un non-paiement correspond à 50% des revenus qui rentrent pas. C’est dramatique.» -Hans Brouillette, directeur de la CORPIQ

Environ 67% des membres de l’organisme disent craindre «d’éprouver une difficulté à payer l’hypothèque» si la situation ne change pas. 43% d’entre eux affirment avoir déjà perdu une partie, voire la totalité de leur revenu.

Pas de «fiabilité statistique»

Appelée à réagir, la porte-parole au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, appelle la population à user de prudence.

«Il faut faire très attention avec ces données. L’échantillon atteint à peine les 2600 répondants, alors que le nombre de ménages locataires à Montréal surpasse les 493 000. Ce sondage n’a pas une grande fiabilité statistique.» -Véronique Laflamme, du FRAPRU

L’organisme déplore également que les données du CORPIQ «ne disent rien sur la quantité de propriétaires qui ont refusé de signer des lettres d’entente». «On sait que plusieurs d’entre eux vont décliner parce qu’ils veulent se débarrasser des locataires moins payants», dit Mme Laflamme.

Malgré tout, ces nouvelles données démontrent une chose, ajoute-t-elle. «On savait qu’il y aurait un problème de paiement au premier avril. Il y a des gens qui, après avoir payé leur loyer, n’ont plus un sou pour finir le mois. Ça illustre surtout l’importance de mieux protéger les locataires contre des évictions après l’urgence sanitaire.»

Québec appelle à la collaboration

Appelée à réagir, la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, appelle à la collaboration de tous.

«Dans le contexte dans lequel nous sommes et considérant l’aide fédérale qui commence à arriver, il est bien de constater que la grande majorité des locataires ont payé avant le 6 avril., dit-elle. Ceci étant, pour ceux qui attendent l’aide du fédéral pour payer leur loyer, nous les invitons à le faire dès qu’ils recevront leur versement. Nous en profitons pour saluer les propriétaires et les locataires qui ont pris des ententes ensemble.»

Hier, le premier ministre du Québec, François Legault, indiquait que «les chèques de 2000$ vont commencer à être distribués par le fédéral». «C’est possible pour les gens de payer leur loyer», a-t-il dit, espérant une amélioration des difficultés économiques que traversent autant les locataires que les propriétaires actuellement.

La CORPIQ, elle, demande à Québec d’obtenir des garanties pour les loyers non-payés.

«On annonce des programmes pour les entreprises, les particuliers. Mais les propriétaires de logement doivent eux aussi livrer un service essentiel, sans aucune garantie d’obtenir leur argent. On ne peut pas être certains que l’aide fédérale sera utilisée à 100% pour payer le loyer», s’inquiète Hans Brouillette.

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