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Déconfinement: des défis «majeurs» pour le transport collectif à Montréal

Une femme porte un masque médical dans le métro.
Photo: Josie Desmarais/Métro

Avec la reprise des activités commerciales à Montréal dès le 11 mai, les sociétés de transport font face à un «énorme défi»: celui de préparer le déconfinement, en évitant des pertes de clientèle. Selon l’avis d’experts, le plus dur sera de regagner la confiance du public, en implantant des mesures à la fois réalistes et rassurantes.

«Même à 25% de capacité dans le métro à l’heure de pointe, c’est irréaliste de penser qu’on pourra respecter le deux mètres. Il faudrait rouler à 10% ou encore monter les prix, ce qui serait politiquement suicidaire en plus de mettre plus de pression sur le réseau. Il n’y a pas de solution magique», explique le spécialiste en infrastructures de transport à l’Université de Montréal, Jean-Philippe Meloche.

Selon lui, les mois de mai et de juin feront office de projet-pilote pour les transporteurs. «Il n’y aura pas un afflux massif dès le départ, parce que le premier réflexe des gens sera de prendre la voiture, le vélo, ou de covoiturer. Plus on avancera vers l’automne, plus ça sera complexe toutefois. Si on ouvre comme prévu les cégeps et les universités, l’enjeu va être majeur», dit-il.

«On devra éventuellement refuser des usagers s’ils ne se protègent pas minimalement. Ça sera toutefois un mécanisme de tri compliqué à mettre en place.» -Jean-Philippe Meloche

Des mesures qui «tardent» à Montréal

Pour l’expert en planification des transports de l’UQAM, Pierre Barrieau, certaines mesures tardent à se mettre en place dans la région de Montréal. Il appelle les autorités à s’inspirer de la métropole torontoise, qui a déjà pris des actions «concrètes».

«Là-bas, ils ont déjà marqué tous les bancs des autobus, du métro et des tramway qui ne doivent pas être occupés, pour assurer une distanciation. C’est une chose qui doit être faite à Montréal. C’est simple et ça n’a presqu’aucun coût», dit-il. M. Barrieau appelle aussi la Société de transport de Montréal (STM) à se doter d’outils de comptage, afin d’évaluer les densités du nombre d’usagers par quartier.

«On peut penser que le centre-ville ne sera pas un pôle de transport dès le départ. Or, les parcs industriels, dans Saint-Laurent ou le West-Island, vont l’être. Ces tracés-là vont se congestionner plus rapidement.» -Pierre Barrieau

Le spécialiste s’inquiète par ailleurs des taux d’absentéisme liés à la COVID-19 grandissants à la STM. «Chaque autobus qui ne circule pas met plus de pression sur les autres lignes», dit-il.

L’enjeu budgétaire

Après la crise, l’enjeu budgétaire reviendra au premier plan pour les transporteurs, prévoit la sommité en urbanisme et en transports, Florence Junca-Adenot. «En un mois, le manque à gagner était de 75 M$ pour Montréal, et l’équivalent de 100 M$ pour le Québec, lâche-t-elle. Ces déficits continueront forcément, même après la reprise. Ça sera un enjeu de taille pour rétablir un niveau de service adéquat.» D’après elle, le problème est que le transport collectif n’a pas été «identifié» comme une priorité au gouvernement.

«Les déficits sont habituellement financés par les villes, mais celles-ci sont prises à la gorge par le virus. Il va falloir s’attarder aux dégâts à un moment donné.» -Florence Junca-Adenot

Sans d’importants investissements, il y a fort à parier que les mesures seront insuffisantes, soutient Mme Junca-Adenot, pour qui un retour massif vers l’automobile serait catastrophique. «Retomber dans nos problèmes antérieurs d’hyper-congestion n’est aucunement souhaitable», illustre-t-elle.

Les transporteurs se disent prêts

À la STM, la porte-parole Amélie Régis souligne que les manières de faire respecter la distanciation sociale font l’objet d’une «réflexion avec nos partenaires», dont les résultats seront dévoilés sous peu. Le président du C.A, Philippe Schnobb, affirme que plusieurs options sont envisagées pour «mitiger» la règle du deux mètres.

«Nous maintiendrons les fréquences de nettoyage au niveau actuel grâce, notamment, à l’appui d’étudiants», soulève Mme Régis. Une entente signée avec le syndicat du personnel administratif permettra par ailleurs le transfert de 400 employés dans le réseau pour effectuer du nettoyage.

Au nord, la Société de transport de Laval (STL) assure qu’elle «travaille à maximiser» la distanciation sociale. «Avec la réouverture de plusieurs secteurs, l’achalandage risque de ne pas permettre cette distanciation, avoue sa chargée de projets, Marilie Beaulieu-Gravel. Nous invitons fortement nos clients à porter un couvre-visage.»

Comme à la STM, aucune opération de distribution de masques n’est prévue, mais ceux-ci seront disponibles «sur demande» pour les employés. Une campagne d’affichage sur l’importance de se protéger aura lieu, en plus du nettoyage fréquent des surfaces «toutes les 24 heures». Même son de cloche chez exo, où la porte-parole Catherine Maurice précise que «des plexiglas ont été installés dans la majorité des véhicules où l’embarquement par l’arrière n’est pas possible».

La coordonnatrice du Réseau de transport de Longueuil (RTL), Alicia Lymburner, indique que «les quarts de travail des employés ont été décalés pour éviter le croisement». Hier, la santé publique de Montréal a «fortement» recommandé le port du masque dans les transports collectifs.

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