Réouverture graduelle des services d’injection supervisée montréalais
Un mois après avoir été forcé de stopper ses activités, le service d’injection supervisée (SIS) Dopamine, dans Hochelaga-Maisonneuve, a repris du service mercredi soir. Les deux autres SIS à l’arrêt de la métropole s’apprêtent eux aussi à redémarrer, a constaté Métro Média.
Dopamine, qui opère un centre d’injection depuis 2017, avait dû temporairement limiter l’accès à ses locaux d’injection le 26 mars, faute de matériel de protection pour ses employés.
«Pour moi ce n’était pas acceptable, c’était un non sens», a affirmé le directeur général de Dopamine, Martin Pagé, en entrevue avec Métro Média. En raison de la pandémie de coronavirus, un seul des quatre SIS de la métropole avait poursuivi ses opérations: le CACTUS, dans le Centre-Sud.
«Mes personnes ont des besoins sur place. Ce n’est pas vrai qu’ils franchissent tous d’Hochelaga vers le centre-ville comme bon leur semble», avance-t-il.
Alerté par le manque de services d’injection dans sa circonscription, le député d’Hochelaga et porte-parole en matière de lutte contre l’itinérance pour Québec solidaire, Alexandre Leduc, a amorcé des démarches pour demander la remise sur pied rapide du SIS qui opère rue Ontario.
«On voyait que les gens qui utilisaient normalement le service se retrouvaient devant rien. Ils étaient forcés de devoir s’injecter ailleurs, dans des lieux moins sécuritaires. Au fond, le genre de chose qu’on essaie d’éviter normalement avec un SIS», avance-t-il.
En rencontre avec l’ensemble des élus de l’Est de la métropole, mercredi, M. Leduc a eu l’assurance du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal que Dopamine recevrait le matériel et la protection nécessaire pour reprendre ses activités.
D’autres services en marche
La ressource d’injection supervisée de Spectre de rue reprenait aussi du service jeudi matin. Le redémarrage se fera toutefois à «effectif réduit et à fréquentation réduite», selon la directrice de l’organisme, Annie Aubertin.
Le SIS mobile de l’organisme L’Anonyme prendra un peu plus de temps. Sa directrice générale, Sylvie Boivin, s’attend à le remettre sur les roues «dans environ deux semaines».
En raison de la propagation de la COVID-19, les autorités sanitaires avaient décidé de «concentrer les services à CACTUS», explique Martin Pagé.
«Mais on a été les seuls au Canada comme ça. Je n’ai pas grand collègue canadien qui a dû fermer son site à cause d’un manque de matériel de protection», observe le DG de Dopamine.
«On n’a pas été priorisé, le milieu communautaire», ajoute Mme Aubertin.
Martin Pagé soutient «qu’il n’a pas rouvert [mercredi] pour refermer». Malgré la promesse de fournir de l’équipement, le porte-parole de l’organisme exige notamment des «fit tests» – l’ajustement des masques au visage des employés – pour son équipe.
«Il ne faut pas seulement qu’on dise qu’on est essentiel. Il faut que les moyens suivent. Chose qui, jusqu’à maintenant, arrive un peu au compte-goutte.» – Martin Pagé
Dans un contexte «d’épidémie de surdoses» au Canada, M. Pagé exhorte les autorités sanitaires de maintenir le contact. «Je ne peux pas accepter qu’on oublie encore une fois nos populations», martèle-t-il.