Le racisme systémique existe, martèle Valérie Plante, en promettant d’agir
Alors qu’un nouveau rapport indépendant condamne la négligence de la Ville de Montréal dans sa lutte contre le racisme, la mairesse Valérie Plante assure qu’elle veut «aller encore plus loin» pour éliminer toute forme de discrimination systémique qui «existe au sein de la société», y compris dans les instances municipales.
«C’est le temps d’agir. Nous vivons un moment important, un réveil collectif à l’effet que le racisme systémique existe et que l’on doit s’y attaquer», a expliqué lundi la chef de Projet Montréal. Elle a peu après déposé une déclaration allant en ce sens, au conseil municipal.
Plus tôt, lundi, l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) publiait un rapport très attendu sur le racisme systémique. On y lit notamment que la Ville «néglige» la lutte contre le racisme en n’admettant pas son caractère systémique. Le rapport qualifie d’«éparse» l’action de la Ville contre le racisme, invoquant notamment le partage de responsabilités entre différentes structures «sans qu’une vision transversale ne se dégage».
Afin d’y remédier, Montréal mandatera son directeur général, Serge Lamontagne, de mettre sur pied «dès la rentrée» un poste de commissaire à la lutte au racisme et la discrimination. «Les attentes seront grandes», illustre Mme Plante, vantant un geste «très fort» de son administration.
«Depuis trop d’années, de nombreux groupes dénoncent un traitement inéquitable envers les personnes racisées et autochtones.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal
La Ville dit constater une augmentation «importante» de la représentativité des minorités visibles et ethniques dans ses effectifs, qui atteint aujourd’hui 21,7%. Mais Valérie Plante veut hausser ce chiffre encore davantage, par une série «d’outils et de cibles» concrètes. Un programme de «gestion des talents» verra d’ailleurs le jour pour offrir un «tremplin» aux personnes racisées vers des postes de gestion.
Interpellé, le SPVM répond
Reconnaissant que la population a des ententes «élevées» envers lui, Valérie Plante a aussi appelé le SPVM à reconnaître le caractère systémique du racisme.
Et c’est précisément ce qu’a fait le service de police, lundi en début de soirée. «En réponse à la première recommandation du rapport, le SPVM reconnaît le caractère systémique du racisme et de la discrimination et nous nous engageons à agir pour les combattre», lit-on dans un communiqué.
Jusqu’ici, l’organisation parlait «d’incidents de profilage», sans toutefois affirmer que le racisme faisait partie d’une culture organisationnelle.
«Nous prenons acte des recommandations et particulièrement celles qui impliquent [notre] réponse. Nous collaborerons pour et avec la population pour déployer les actions nécessaires, afin d’être à la hauteur de la confiance qu’elle nous accorde.» -Le SPVM
D’ailleurs, l’arrivée des caméras corporelles devient de plus en plus pressant, selon Mme Plante, qui affirme qu’un «bon momentum» le justifie. «Il faut que le système judiciaire du Québec s’adapte. J’ai aussi besoin de financement, implore-t-elle toutefois. Je suis dans un gouffre financier sans fond.»
Des critiques virulentes
Instigateur de la pétition ayant lancé la consultation sur le racisme systémique, l’ancien candidat de Projet Montréal, Balarama Holness, affirme que l’administration Plante n’en fait pas assez. «Ce n’est pas sérieux. C’est un peu comme si on n’avait pas fait nos devoirs», dénonce M. Holness en entrevue avec Métro.
«Ça va prendre une nouvelle administration, ou alors des gens sérieux à l’hôtel de ville. Il faut que les gens puissent rapporter leurs craintes, et que les sanctions soient équivalentes à l’ampleur de la discrimination.» -Balarama Holness, instigateur de la consultation
Selon lui, la Ville doit rapidement s’engager à mettre sur pied un «plan d’action clair» de lutte contre le racisme systémique. «Il faut qu’on ait un rapport chaque année pour donner un aperçu de la situation des personnes racisées, et de leur intégration. On n’a rien vu de concret à ce niveau», ajoute-t-il.
Le chef de l’Opposition officielle, Lionel Perez, abonde dans le même sens.
«L’administration de Projet Montréal, qui a un comité exécutif 100% blanc, démontre tous les jours qu’elle a une méconnaisse totale du dossier sur les communautés culturelles.» -Lionel Perez, chef de l’Opposition
Il dit trouver «insultant que la mairesse fasse comme si elle n’avait qu’à poursuivre son œuvre». «Il faut s’assurer que le rapport ne soit pas tabletté. Le mairesse n’a adressé que trois recommandations sur 38, alors qu’elle avait ce rapport en mains depuis deux semaines», conclut-il.