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Violence sexuelle: seulement 4 hôpitaux montréalais équipés pour recevoir les victimes

urgences de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont
Le service d’urgence de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont Photo: Josie Desmarais/Métro

À Montréal, le réseau de la santé a désigné 4 hôpitaux sur 18 pour offrir de l’accompagnement aux victimes de violence sexuelle. Une personne qui se présente dans un hôpital non-désigné après une agression sera donc redirigée, des fois à des dizaines de kilomètres de son domicile.

Les hôpitaux sélectionnés par le ministère de la Santé et des Services sociaux sont l’hôpital Notre-Dame et l’Hôpital général de Montréal pour les adultes, ainsi que l’Hôpital de Montréal pour enfants et l’Hôpital Sainte-Justine pour les victimes mineures.

«C’est dans ces Centres désignés que les intervenants remplissent la trousse médicolégale et font les prélèvements médicolégaux avec les victimes. L’utilisation de la trousse médicolégale dépend de la durée qui s’est écoulée depuis l’agression», explique dans une réponse écrite l’attaché de presse du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal Eric Forest.

Une victime qui se présenterait à l’Hôpital du Lakeshore, par exemple, devra donc se rendre à trente kilomètres en voiture si elle souhaite obtenir un accompagnement ou une trousse médicolégale, «rape kit» dans le jargon. La situation est la même dans trois quarts des centres hospitaliers métropolitains.

«Ça peut être très difficile. La victime doit trouver la force de se rendre à une autre place, refaire le processus», constate Tanya Velardo, intervenante au Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de l’Ouest-de-l’Île.

Son organisme presse le réseau de la santé d’instaurer «une prise en charge immédiate» dans tout centre de soins généraux.

Des «rape kits» partout?

Une pétition lancée le mois dernier et exigeant des services médicolégaux dans tous les hôpitaux du Canada a récolté depuis les signatures de plus de 150 000 personnes.

L’instigatrice, Gabrielle Doyon Hanson, affirme s’être vu refuser l’administration d’une trousse médicolégale à l’Hôpital général juif en 2017. Elle a dû prendre le chemin de l’Hôtel-Dieu la journée même. Le centre de soin du Plateau-Mont-Royal faisait alors office de centre désigné pour la population adulte francophone.

«Les rape kits font partie de nos droits à la santé. Ils devraient être disponibles à tous», écrit-elle dans un long message.

Selon la directrice générale du Centre pour les victimes d’agressions sexuelles de Montréal (CVASM), Deborah Trent, les centres désignés ont justement vu le jour pour mieux accompagner les victimes.

«L’idée, c’était que les victimes aient droit à un niveau de service adéquat. […] On veut s’occuper de la victime dans sa globalité», explique-t-elle.

Mme Trent, qui coordonne l’accompagnement à l’Hôpital général de Montréal, mais aussi au CLSC Métro, au centre-ville, maintient que le transfert des victimes vers des sites spécialisés «est la bonne procédure».

«Ce ne sont pas tous les centres hospitaliers qui vont recevoir des grands brûlés.» – , Deborah Trent, directrice générale du CVASM

Évoqués dès 2001 dans un plan d’action gouvernemental, le système de centres désignés est utilisé dans toute la province. Des intervenantes formées en services médicaux et sociaux y opèrent. À l’Hôpital Notre-Dame, par exemple, on en compte trois, nous confirme le CIUSSS du Centre-Sud.

Des lacunes en information

Mme Trent convient que l’information circule parfois difficilement auprès des employés du réseau hospitalier.

«Il y a toujours du travail à faire. Si la personne qui accueille la victime ne connaît pas le protocole, ça pose problème», indique-t-elle.

La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF) du Québec a longtemps milité pour un système par centres désignés, affirme sa directrice générale, Manon Monastesse.

«C’est important parce que ce sont des personnes formées dans le savoir-être avec les victimes», avance-t-elle. Le nombre de sites désignés fait toutefois défaut, ajoute la porte-parole.

«Bien sûr, il devrait y en avoir plus», lance Mme Monastesse.

Le Québec encaisse voit naître depuis le mois dernier une importante vague de dénonciations pour violences sexuelles. Selon les dernières données de la Sécurité publique, les services policiers québécois ont enregistré 5800 infractions sexuelles en 2015.

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