Menace de grève générale illimitée au port de Montréal
Le Syndicat des débardeurs du port de Montréal a déposé vendredi matin un préavis de grève générale illimitée, qui commencera lundi, dans le but de forcer la main à l’employeur afin qu’il améliore les conditions de travail de ses membres.
Le syndicat, qui représente 1125 débardeurs, affirme que cette menace de grève illimitée est «devenue nécessaire en raison des récentes modifications apportées aux conditions de travail des débardeurs par les compagnies maritimes». Lundi dernier, l’Association des employeurs maritimes (AEM) a fait parvenir au syndicat un préavis de 72 heures qui prévoit une modification à la baisse des salaires horaires des débardeurs et des hommes d’entretien qui travaillent le soir, la nuit et la fin de semaine. Ces modifications, qui se veulent un moyen de pression contre le syndicat, devaient entrer en vigueur à 15h, jeudi.
Le syndicat affirme aussi avoir constaté un «lock-out technique» au port de Montréal. La partie patronale aurait ainsi détourné plusieurs navires vers d’autres ports. Il s’agit notamment de celui d’Halifax, de New York et de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.
Cette grève générale illimitée s’ajoutera aux grèves de quatre jours successives qui ont eu lieu dans les dernières semaines. Elle affectera le port de Montréal et le terminal Contrecoeur.
La convention collective entre le syndicat et l’AEM est échue depuis le 31 décembre 2018.
Conditions de travail
Les négociations achoppent principalement sur l’enjeu des horaires de travail, qui nuiraient à la conciliation travail-famille. Le syndicat affirme que ses membres doivent souvent travailler 19 jours de suite avant d’avoir droit à deux jours de congé. La partie patronale réplique que ces conditions de travail font partie du métier et que les débardeurs ont des salaires très intéressants. Selon des chiffres du ministère du Travail de la province datant de 2015, les débardeurs du Québec gagnent en effet en moyenne 110 000$ avant les prestations.
Dans les derniers jours, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), avec l’appui par plusieurs autres groupes représentant le milieu des affaires, a pressé Québec et Ottawa d’agir pour mettre fin à ces moyens de pression.
«Dans le contexte pandémique actuel, cette grève et les moyens de pression utilisés posent un risque réel pour la fluidité de la chaîne d’approvisionnement», souligne la CCMM dans une récente déclaration. De tels moyens de pression nuiraient ainsi, selon elle, à la relance économique de la métropole.
Le port de Montréal, le deuxième en importance au Canada, génère des retombées économiques annuelles estimées à 2,6 G$.