Attentats et reconfinement: des Français remués, même à distance
Même à distance, des Français venus s’installer au Québec se disent affectés par les récents attentats terroristes qui surviennent alors que le pays est en reconfinement.
Les expatriés interrogés par Métro ne sont pas surpris de voir le Vieux Continent se reconfiner. Toutefois, certains sont plutôt préoccupés par cette «nouvelle vague» d’attentats qui touche la France.
Moins de deux semaines après la décapitation d’un enseignant d’histoire, une attaque au couteau a fait trois morts et des blessés dans la Basilique Notre-Dame de l’Assomption de Nice jeudi matin.
Arrivée depuis seulement deux mois à Montréal, Anne-Sophie Tafuri trouve la situation «très grave». La femme de 28 ans a peur pour ses proches restés en France. «N’importe qui peut être touché. Ça peut arriver n’importe où et n’importe quand. C’est ça qui est assez dramatique en fait», dit-elle.
Climat de peur?
Mathias Laliberté, venu au Québec pour les études en 2017, se dit «troublé». Il garde un mauvais souvenir des attentats de 2015, soit ceux contre Charlie Hebdo et ceux du 13 novembre.
«C’est pas quelque chose auquel on s’habitue, surtout en ayant vécu les vagues d’attentats précédentes. Chaque fois, c’est une nouvelle étape à affronter et à vivre», explique l’homme de 21 ans.
Mathias et Anne-Sophie sont d’avis qu’un climat anxiogène règne constamment en France, contrairement au Québec. «On ne s’y sent plus en sécurité», souffle Mme Tafuri.
Clément Broche, venu s’installer dans la Belle Province avec sa famille en 2016, reste positif. «Il y a un problème d’islam politique. C’est un phénomène nouveau, mais ça reste une infime partie de la population.»
Selon le Français de 37 ans, les attentats n’affectent pas le climat général.
Et les Français musulmans?
Karima, qui a préféré taire son nom de famille, est arrivée au Canada il y a 13 ans. Cette Française musulmane estime que la situation actuelle dans l’hexagone est le résultat du manque d’inclusion des immigrants.
«Je suis inquiète pour ma famille et mes amis. Du côté musulman, je redoute la discrimination. Du côté non musulman, je redoute les attentats», émet-elle.
Mathias Laliberté pense que l’amalgame entre terroriste et musulman est à éviter. «C’est quelque chose qu’on fait trop souvent. J’ai des amis musulmans qui, eux, sont victimes de ça», affirme-t-il.
Reconfinement, un mal nécessaire
Contrairement aux attentats, le reconfinement n’étonne pas les Français interrogés. «C’était écrit que c’était là qu’on s’en allait depuis plusieurs semaines», déclare Clément Broche.
Anne-Sophie Tafuri se rappelle du laisser-aller des Français cet été. «C’était comme si rien ne s’était passé, souligne-t-elle. J’ai un frère plus jeune assez fêtard. Je le voyais sortir et faire la fête sur des terrasses bondées de monde, sans masque.»
Mathias Laliberté, qui revient d’un voyage en France, raconte la même chose. «C’était ridicule, déclare-t-il. Dans les bars, les gens pouvaient circuler de table en table sans leur masque. On faisait des gros party à plusieurs. C’est comme ça qu’on a créé des éclosions au sein même de notre groupe d’amis.»
Une chose est certaine: ces Français s’estiment chanceux d’être de ce côté de l’Atlantique. Quitte à être séparés de leur famille, ils préfèrent rester ici où la vie est globalement plus calme.
Selon l’Union Française de Montréal, les Français qui communiquent avec l’association «sont plus préoccupés par leurs permis de travail et comment rester au Québec que par la situation en France».