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COVID-19: une distance intolérable pour les demandeurs d’asile

Marvin, Viviana et leurs enfants. Photo: Coralie Hodgson/Métro Média

Loin de leurs proches, des immigrants récents vivent difficilement l’éloignement en temps de pandémie. Inquiétude, isolement, impuissance: la distanciation physique peut devenir intolérable lorsqu’elle se mesure en milliers de kilomètres.

En août dernier, Marvin Inplan Perez encaisse un dur coup en apprenant le décès de son père. C’est l’une des dizaines de milliers de victimes qu’a laissées la COVID-19 dans son sillage au Mexique.

«On ne peut imaginer ce que c’est de vivre ça», dit-il simplement.

Avec sa famille, M. Inplan Perez avait fui son pays d’origine en 2018 pour échapper à la violence des narcotrafiquants. En raison de son statut de demandeur d’asile, impossible de rentrer au Mexique pour les funérailles.

Il devra donc vivre son deuil par vidéoconférence.

«Je n’ai pas pu voir grand-chose. Ils ont incinéré mon père. Ma famille m’a envoyé une photo de l’urne».

Loin des siens, au Québec, le deuil sera d’autant plus difficile que les mesures sanitaires limitent les contacts sociaux. «Ça a été une période très difficile. On était toujours enfermés. Mais il faut aller de l’avant, surtout pour les enfants», lâche-t-il.

Préoccupation

Pour Viviana, l’inquiétude pour le bien-être de sa famille est difficile à vivre.

Alors que le Mexique se trouve dans les 10 pays dénombrant le plus de cas, elle craint que l’insécurité alimentaire liée à la pandémie fasse augmenter une violence déjà présente au pays. «Les gens ont faim. Ils entrent dans les maisons, les braquages augmentent», soutient-elle.

De plus, la santé de ses proches l’inquiète. «C’est très difficile là-bas d’avoir de l’attention médicale, ajoute celle qui est présentement aide de service. Ce n’est pas comme ici». Loin des siens, elle se sent impuissante.

Un sentiment que partagent Mario Luis et sa femme Andrea Doria, également demandeurs d’asile. «Mes parents sont vieux. Si on sait qu’il leur arrive quelque chose, on ne peut retourner à la maison. C’est quelque chose de très douloureux», laisse tomber Mario Luis.

Libérer la parole

Ce sentiment d’abattement, Yannick Boucher, directeur des services aux personnes immigrantes chez ALPA, l’observe chez un grand nombre de migrants depuis le début de la pandémie.

«Il y a l’inquiétude pour les proches, mais il y a aussi des gens qui sont décédés de la COVID. Il y a le deuil à distance, le fait de ne pas pouvoir agir, de voir les proches. Les six derniers mois ont été très difficiles.»

Dès le début de la pandémie, l’organisme a identifié ce besoin pressant. Il a organisé des groupes de discussion pour que nouveaux arrivants puissent se confier et partager ce type de craintes et de deuils.

«Sans avoir la prétention de faire de la psychologie interculturelle, on libère un peu la parole, dans un contexte très difficile, qui continue aujourd’hui», conclut M. Boucher.

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