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Un «budget alternatif» pour définancer la police de Montréal

Jessica Quijano porte-parole de la Coalition pour le définancement de la police lors d’une conférence de presse présentant un budget alternatif pour la Ville de Montréal.
Jessica Quijano du Foyer des femmes autochtones présente un budget alternatif pour la Ville de Montréal. Photo: Josie Desmarais/Métro

Un groupe d’organismes propose un «budget alternatif» pour la Ville de Montréal, qui comprend une coupure de 50% du budget de la police, ainsi qu’un réinvestissement correspondant dans les communautés.

Développé par la Coalition pour le définancement de la police, ce «budget alternatif» a été dévoilé jeudi, deux semaines après la présentation du budget 2021 par la Ville de Montréal. Il s’insère dans le mouvement «defund the police» lancé aux États-Unis.

Plutôt que de définancer la police, comme le demandent plusieurs organismes souhaitant lutter contre le profilage racial, la Ville prévoit une hausse de 14,6 M$ du budget du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) l’an prochain, pour un total de 679,1 M$.

Pourtant, cet été, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’était montrée ouverte à réviser le financement du corps de police.

Par ailleurs, les consultations prébudgétaires, organisées par la Ville au mois d’août, révélaient que 60% des Montréalais sont en faveur d’une réduction des services de police.

Le groupe qui rassemble 65 organisations montréalaises estime que son budget reflète cet appui croissant de la part des Montréalais.

Priorité aux communautés

Intitulé «La vision des communautés», le «budget alternatif» est l’aboutissement de plusieurs mois de consultations avec des organisations montréalaises. 

Par conséquent, celui-ci vise à soutenir en priorité la sécurité et le bien-être des communautés plus vulnérables, tout en réduisant les méfaits causés par la police.

En effet, parmi les nouveaux investissements, on compte la création d’une équipe d’intervention d’urgence, des initiatives de justice transformative et réparatrice, ainsi qu’un éventail de programmes sociaux.

«C’est important d’avoir des équipes alternatives à la police qui seraient par et pour les communautés. Le monde appelle la police parce qu’ils n’ont aucune d’alternative», pense Jessica Quijano du Foyer des femmes autochtones.

«Si Projet Montréal prenait notre vision et notre budget, ça pourrait être réalisé. On le fait déjà avec très peu de ressources.»

-Jessica Quijano, membre de la Coalition pour le définancement de la police

Selon la porte-parole, ces équipes seraient conscientes du racisme vécu par les communautés et seraient capables de répondre avec compassion. «C’est de complètement revoir la façon dont on répond aux problèmes sociaux», a ajouté Mme Quijano.

En outre, la Coalition exige le désarmement et la démilitarisation du SPVM. Pour Jessica Quijano, c’est une «question de vie ou de mort». 

«On l’a malheureusement vu récemment avec l’assassinat de Sheffield Matthews par la police de Montréal, a-t-elle fait valoir. Ça fait 17 ans que je travaille dans le communautaire. Moi et mes collègues n’avons jamais fait de mal à quelqu’un. Il y a vraiment une façon d’intervenir avec les personnes en crise sans leur faire mal physiquement.»

La mairesse réagit

Valérie Plante a réagi à la demande de la Coalition jeudi, en marge d’une conférence de presse à l’hôtel de ville.

Selon elle, il serait «irresponsable» de couper le budget de la police sans savoir où réallouer l’argent de la façon appropriée. «C’est que maintenant, nous sommes au milieu d’une pandémie. C’est assez instable en ce moment et le nombre de crimes impliquant une arme à feu est en hausse. Il faut prendre ça en considération», a-t-elle dit.

Mme Plante a aussi réitéré être «ouverte à une réflexion depuis le début». «Mais c’est certain que je ne prendrai pas une décision sur le coin d’une table», a-t-elle ajouté. 

La mairesse propose plutôt d’améliorer les équipes mixtes composées de policiers et de travailleurs sociaux, ce qu’elle appelle la «police communautaire».

«Évidemment, il y a matière à amélioration. Mais je pense qu’on doit faire ça étape par étape afin de répondre à différents besoins», a-t-elle fait valoir.

-Avec Zacharie Goudreault/Métro

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