Transport en commun: Montréal tente de tirer son épingle du jeu
Prolongement de la ligne orange du métro, tramway entre Lachine et le centre-ville, accès au site de l’ancien hippodrome: l’administration de Valérie Plante dresse sa liste de priorités alors qu’une consultation publique est en cours sur le développement du transport en commun dans l’ensemble du Grand Montréal.
Métro a obtenu une copie du mémoire déposé par la Ville de Montréal dans le cadre de la consultation de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) sur son projet de Plan stratégique de développement du transport collectif de la région métropolitaine (PSD). Celui-ci fera l’objet d’une présentation ce soir par le responsable de la mobilité au comité exécutif, Éric Alan Caldwell, dans le cadre des audiences publiques en cours depuis le 13 janvier.
Le PSD se donne la cible ambitieuse d’augmenter de 60% l’offre de transport en commun dans la région métropolitaine d’ici 10 à 14 ans afin de lutter contre la congestion routière et les changements climatiques, notamment. Pour ce faire, «plusieurs grands chantiers» devront voir le jour «rapidement» un peu partout dans la région, estime la Ville.
«Souvent, on a développé des villes où ce qui était incontournable, c’était de permettre aux gens de se déplacer en voiture. Là, ce qui doit être incontournable dans le développement de nos villes, c’est une offre performante de transport collectif», affirme M. Caldwell, en entrevue à Métro mercredi.
Prioriser Montréal
Bien que la Ville soit favorable au développement du transport en commun partout dans la région, elle presse l’ARTM de ne pas négliger les besoins anticipés en la matière sur l’île de Montréal. Avant la pandémie, le fort achalandage de la ligne orange du métro posait déjà problème. Or, une fois la crise sanitaire résorbée, la croissance démographique et la popularité grandissante du transport en commun pour se rendre à Montréal engendreront une forte pression sur le réseau de bus et de métro de la métropole, anticipe la Ville.
«L’ensemble du système de transport, [qui est] déjà fortement sollicité, souvent au-delà de sa capacité, sera sous pression notamment pour les axes routiers et ceux du réseau du transport collectif structurant. Le cœur de la région métropolitaine montre des signes de congestion importants», peut-on lire.
L’administration de Valérie Plante demande donc l’ARTM d’effectuer une «priorisation des projets» à réaliser en matière de transport collectif. Les secteurs à haute densité, notamment sur l’île de Montréal, devraient arriver en haut de la liste, croit la Ville.
«On ne peut pas juste considérer le développement du transport collectif en fonction du territoire desservi. Il faut aussi s’assurer d’ajuster l’offre là où c’est nécessaire», fait valoir M. Caldwell. Autrement, si le nombre de «rabattements» sur l’île continue d’augmenter sans que l’offre de service en transport en commun augmente dans la métropole, la congestion du métro de Montréal à l’heure de pointe n’en sera qu’accrue, prévient l’élu.
«Il y a plus de gens qui viennent sur l’île en transport en commun. C’est bien. Mais ça veut dire qu’il faut plus d’offre de service [à Montréal]», ajoute-t-il.
Une liste de priorités
L’administration municipale dresse donc dans son mémoire une liste de priorités en matière de transport collectif qu’elle aimerait voir se réaliser dans les prochaines années.
Au sommet de cette liste se trouve l’extension prévue du Réseau express métropolitain (REM) vers l’est et le nord-est de l’île. On y retrouve aussi un éventuel prolongement de la ligne orange du métro vers l’ouest, jusqu’à la gare Bois-Franc, et un autre vers le nord, à partir de Laval. Le projet de «ligne rose» de Valérie Plante, qui inclut notamment un éventuel tramway reliant Lachine au centre-ville, compte aussi parmi les priorités mises de l’avant par la Ville.
«On souhaite une progression du transport collectif partout [dans la région], mais il faut reconnaître que le cœur du système, c’est Montréal.» -Éric Alan Caldwell, responsable de la mobilité au comité exécutif
L’ancien hippodrome
La Ville déplore par ailleurs l’absence d’études ou de projets de transport en commun prévus par l’ARTM dans des secteurs «où le mode autobus a atteint ses limites d’efficacité» et qui auraient bien besoin d’un mode de transport plus lourd, comme des «tramways». À cet égard, le mémoire nomme le secteur Namur-De la Savane, où une bonification de l’offre de transport collectif sera nécessaire pour contrer le règne de l’auto solo, alors même que la Ville souhaite transformer le site de l’ancien hippodrome Blue Bonnets en un quartier résidentiel.
«C’est un secteur où il y aura de nouveaux résidents qui vont s’installer. On a une infrastructure intéressante qui est le métro, mais il faut voir comment on peut faire progresser l’offre de transport en commun dans le secteur», explique Éric Alan Caldwell.
Les audiences publiques entourant le projet de PSD prendront fin le 26 janvier.