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Des poupées noires pour un monde plus inclusif

Des poupées noires pour un monde plus inclusif
Gaëtan Etoga est co-fondateur de la compagnie YMMA, qui fabrique des poupées noires et métisses. Photo: Josie Desmarais/Métro

Deux pères d’origine camerounaise venus s’installer au Canada rêvent de renforcer l’inclusion des minorités visibles et d’insuffler un réel changement avec YMMA, leur entreprise de poupées aux cheveux crépus et à la peau noire.

 

Les cofondateurs d’YMMA, Gaëtan Etoga et Yannick Nguepdjop, estiment que la diversité culturelle du Québec et de Montréal ne se reflète pas dans le secteur du jouet pour enfant.

«Lorsqu’on entre dans un magasin de jouets, ça saute aux yeux, raconte Gaëtan Etoga. Soit ils n’en vendent pas du tout, soit ils en ont, mais elles ne sont pas mises de l’avant. Et elles sont souvent très chères.»

MM. Etoga et Nguepdjop ont d’abord voulu pallier ce problème en fondant leur propre entreprise de poupées racisées vendues à un prix abordable.

Si les activités commerciales de YMMA ont débuté en décembre dernier, l’idée de se lancer en affaires leur trottait dans la tête depuis longtemps. «On s’est rendu compte que ça manquait ou, du moins, que ce n’était pas fait comme on aurait voulu le faire», précise M. Etoga qui est père de deux jeunes garçons.

Impact des jouets non inclusifs

Ce manque de représentation dans le monde du jouet a un impact sur le développement de l’enfant, souligne Gaëtan Etoga. «Par exemple, les enfants noirs qui jouent avec des poupées blanches ne se reconnaissent pas forcément dans ces jouets-là», explique-t-il.

Cela a même une incidence sur l’image qu’ils ont d’eux-mêmes, comme l’ont déjà démontré les tests «de la poupée noire» des pédopsychiatres afro-américains Kenneth et Mamie Clark en 1947.

En effet, l’expérimentation démontre que les enfants noirs attribuent à la poupée noire laideur et méchanceté, tandis qu’ils considèrent la poupée blanche comme belle et gentille.

«C’est l’une des conséquences de la société dans laquelle on vit et du manque de diversité», pense Gaëtan Etoga. À travers nos jouets, on veut faire comprendre aux petites filles qu’elles sont belles telles qu’elles sont, que leur couleur de peau est belle, que leurs cheveux sont beaux et que personne ne peut leur faire croire le contraire.»

Des poupées pour tous les enfants

Or, les poupées noires YMMA ne sont pas seulement destinées aux enfants afrodescendants, précise le Camerounais.

Le but est aussi d’introduire des poupées racisées dans l’environnement d’enfants blancs.

«Le fait de jouer avec des poupées qui ne leur ressemblent pas, ça va déjà les habituer à côtoyer la diversité, émet-il. En grandissant, ces enfants-là seraient moins fermés et plus ouverts à la diversité.»

En fait, pour les cofondateurs, il ne s’agit pas seulement de vendre des poupées. «Ce qu’on aimerait faire, c’est insuffler un changement pour les personnes racisées à travers les jouets», résume M. Etoga.

Du Cameroun au Québec

Par ailleurs, les entrepreneurs désirent faire connaître la culture camerounaise à travers les vêtements traditionnels que portent les poupées.

Ces tissus sont d’ailleurs achetés au Cameroun où sont aussi fabriquées les robes des figurines. Ainsi, les cofondateurs veulent encourager l’économie locale de leur pays d’origine.

«En Afrique, souvent, un salaire fait vivre une seule famille. Donc, pour nous, c’était important d’avoir cet impact-là», ajoute Gaëtan Etoga.

L’entreprise encourage aussi l’économie d’ici puisque les emballages sont fabriqués au Québec.

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