Royal Victoria: McGill ouverte à rechercher des corps autochtones
L’Université McGill pourrait autoriser des fouilles sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria, à l’Institut Allan Memorial, afin de vérifier la présence de corps d’enfants ou de sépultures autochtones non marquées.
Alors qu’une consultation publique se déroule actuellement sur le projet Nouveau Vic, l’Université McGill affirme son intention de faire avancer le dossier des fouilles dans une lettre envoyée à l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). Cette décision représente un pas en avant dans ce dossier. En 2016, l’Université McGill avait jugé «peu probable» que des restes humains se retrouvent sur le site du Nouveau Vic.
Depuis quelques semaines, un groupe de femmes mohawks affirme qu’il y aurait eu des enfants autochtones à l’Institut Allan Memorial et que des corps auraient été enterrés autour du site, à la suite d’expériences psychiatriques menées entre 1954 et 1963. Ce serait le cas près de la piscine Henry William Morgan.
Ces affirmations ont été reçues et entendues par l’Université McGill. «Récemment, des membres de la communauté autochtone ont posé des questions au sujet de la présence possible de sépultures non identifiées dans certaines parties du site de l’ancien hôpital.»
Aucune réconciliation n’est possible tant qu’on ne connaît pas la vérité. Ainsi, nous nous tenons prêts à collaborer avec les représentants des gouvernements et des communautés autochtones pour que les recherches nécessaires soient réalisées.
Extrait d’une lettre de l’Université McGill adressée à l’OCPM
Le service des communications de l’Université McGill a indiqué à Métro entretenir «un dialogue direct et constant avec les membres des communautés autochtones» concernant le projet Nouveau Vic.
Depuis mai dernier, le Canada est secoué par plusieurs découvertes troublantes. Plusieurs centaines de sépultures d’enfants autochtones non marquées ont été découvertes près d’anciens pensionnats autochtones en Colombie-Britannique et en Saskatchewan.
Une enquête nécessaire
De plus, dans des lettres transmises à l’OCPM, la Société québécoise des infrastructures (SQI) invitait les conseils de bande de Kahnawake et de Kanesatake à «collaborer à l’échange d’information sur les éventuelles tombes non marquées sur le site de l’Institut Allan Memorial et à collaborer sur le développement d’un plan d’action».
Le dossier est mené par les «Mères mohawks» (kanien’keha:ka kahnistensera), un groupe de femmes qui réclame la légitimité de pouvoir et d’action sur les territoires et les lois ancestraux des Mohawks. Elles ont pris la parole lors de la consultation publique et demandent à ce qu’un «protocole approprié soit suivi, maintenant que la nécessité d’une enquête soit reconnue par l’Université McGill et la SQI».
Un groupe composé de survivants de MK-Ultra et de leurs familles, ainsi que le secrétariat des kanien’keha:ka kahnistensera (Mères mohawks), comprenant des représentants de chaque clan kanien’keha:ka (ours, tortue, loup), mèneront l’enquête dans le cadre juridique autochtone traditionnel de la confédération rotinonshonni (iroquoise): la Grande Loi de la Paix (kaianerekowa).
Extrait d’une lettre du secrétariat des Mères mohawks adressée à l’OCPM, la SQI, Services aux Autochtones Canada, la mairie de Ville-Marie et l’Université McGill
Les expériences de Montréal
La recherche de corps d’enfants autochtones fait suite au dévoilement d’informations concernant les recherches du Dr Ewen Cameron à l’Institut Allan Memorial. Dans le cadre du projet MK-Ultra de la CIA, en pleine guerre froide, ce médecin aurait mené des expériences sur des personnes qu’il devait soigner. Le Dr Cameron tentait d’effacer la mémoire des individus et de remplacer leur personnalité afin de tester des techniques mentales de contrôle à des fins militaires.
Les expériences incluaient, entre autres, «le sommeil, le coma induit par des drogues, la privation sensorielle, l’exposition à des messages en boucle à la suite de l’administration de médicaments paralysants et de sédatifs musculaires et de médicaments pour supprimer la fonctionnalité et l’activation du système nerveux».