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Le bras de fer se poursuit entre la Ville et Sanimax

Sanimax fermeture usine
Sanimax emploie près de 300 personnes à Rivière-des-Prairies. Photo: Clément Bolano / Métro

L’éventuelle fermeture de Sanimax ferait peut-être le bonheur des riverains qui se plaignent des odeurs nauséabondes depuis des années, mais pourrait mener à un grave problème dans les sites d’enfouissement, plaide le Conseil de la transformation des aliments du Québec (CTAQ).

Sanimax récupère et transforme des carcasses et autres restes d’animaux sur son site de Rivière-des-Prairies. En raison des nuisances, plusieurs citoyens, voire des élus, ont évoqué son déménagement.

Or, comme initialement rapporté par Le Devoir, voilà que l’entreprise envisage sérieusement la fermeture de son usine de l’est de Montréal.

Cette réflexion survient notamment en réaction à l’adoption d’une modification au règlement sur la pollution atmosphérique de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), jugée trop contraignante par l’entreprise d’équarrissage.

Entre autres, le règlement prévoit d’interdire la conservation de matière animale à l’extérieur d’un bâtiment.

Pour entrer en vigueur, le règlement devra être approuvé par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

Résoudre un problème pour en créer un autre

L’approbation d’un tel règlement par le ministère de l’Environnement pourrait avoir un impact environnemental néfaste, fait valoir le vice-président aux affaires économiques du CTAQ, Christian Bazinet.

Lors d’un entretien téléphonique, M. Bazinet prétend que si l’usine d’équarrissage met les clés sous la porte, l’importante quantité de carcasses animales, huiles usagées de restaurants et autres matières organiques qui y est transformée serait dirigée vers des sites d’enfouissement.

Réalité plutôt inquiétante alors qu’une conclusion d’un rapport sur la gestion des matières résiduelles publié en janvier par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) prévoyait qu’il était improbable pour le Québec d’atteindre ses objectifs de réduction des déchets d’ici 2023.

Sur son site Web, Sanimax se félicite de revaloriser annuellement plus de 2 millions de tonnes de matières organiques.

La seule option possible?

Le cabinet de la mairesse d’arrondissement de RDP-PAT, Caroline Bourgeois, a fait part à Métro de son incompréhension quant à la mesure employée par Sanimax pour faire face à une impasse qui n’est pourtant pas sans issue.

Le cabinet soutient en effet que «les solutions technologiques existent, elles ont fait leurs preuves et elles sont utilisées ailleurs dans le monde par les entreprises de l’industrie de l’équarrissage. Il n’y a aucune raison pourquoi Sanimax ne pourrait pas les mettre en application ici à Montréal.»

L’équarrisseur semblait favorable en 2020 à la solution de bâtir un garage dans lequel les camions pourraient décharger leur marchandise, afin de mieux contrôler les émissions atmosphériques. Or, Sanimax tarde toujours à mettre le tout en place.

Pour justifier son inaction, la multinationale explique que de tels investissements par l’entreprise dépendent de l’obtention de plusieurs autorisations et permis.

«Ce projet fait partie des engagements que nous sommes prêts à prendre, mais pour y arriver, un dialogue avec la Ville est nécessaire, de même qu’un cadre réglementaire permettant de réaliser de tels investissements, ce qui n’est pas le cas actuellement», précise Sanimax.

Dans une déclaration soumise à Radio-Canada, le cabinet de Valérie Plante a pourtant soutenu qu’une demande de permis pour la construction du garage pourra être déposée par l’entreprise dès septembre.

Peine perdue?

Bien que Sanimax affirme que les discussions avec la Ville de Montréal sont actuellement au point mort, l’entreprise souhaite que «la Ville fasse partie de la solution et que la collaboration soit au rendez-vous».

Le président Amérique du Nord de Sanimax, Martial Hamel, aurait d’ailleurs sollicité une rencontre avec la mairesse Valérie Plante afin de dénouer l’impasse. «Nous sommes toujours en attente d’un retour de sa part», affirme Sanimax.

De son côté, le cabinet de la mairesse d’arrondissement de RDP-PAT affirme être toujours ouvert à redémarrer des discussions avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) et Sanimax, mais sans faire de compromis sur la qualité de vie des citoyens de Rivière-des-Prairies.

«On ne veut pas que Sanimax intensifie les activités de son usine située en plein cœur d’un secteur résidentiel alors qu’elle ne respecte pas les normes en matière de qualité de l’air et que ses déversements dans le fleuve affectent la qualité de l’eau du Saint-Laurent», soutient le cabinet.

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