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Habitations Rêvanous: mixité sociale et bienveillance

Marie-Josée Paré réside aux Habitations Rêvanous depuis 2015. Photo: Isabelle Chénier, Métro Média

Bien que les organismes d’habitation soient présentés comme une solution à la crise d’accès au logement vécue à travers la province, ils demeurent encore méconnus. Afin de découvrir ce modèle de logements communautaires qui gagne en popularité, Métro est allé à la rencontre de la directrice générale et d’une résidente des Habitations Rêvanous d’Ahuntsic-Cartierville.

Marie-Josée Paré est locataire des Habitations Rêvanous, situées sur la rue Laverdure, depuis l’inauguration du projet, en 2015.

Avant qu’elle y emménage, elle a connu plusieurs années d’infortune dans différents quartiers de la métropole: vacarme la nuit, problème de moisissures, trous dans les bordures de fenêtres en hiver…

«C’était l’enfer. Les propriétaires ne faisaient jamais rien», affirme Mme Paré.

Maintenant? «C’est super génial!», déclare-t-elle en souriant. «Je me sens bien ici, c’est tranquille dans Ahuntsic-Cartierville», ajoute-t-elle.

Originaire de Deux-Montagnes, elle explique que c’est d’abord l’accessibilité aux services qui l’a amenée dans la métropole.

«Je ne connaissais pas Montréal. J’étais sur l’aide sociale dans le temps et je n’avais pas l’argent pour avoir un logement. J’étais avec ma fille de 5 ans. J’ai de la misère à lire et écrire… J’avais besoin d’aide», explique-t-elle.

Elle s’est alors tournée vers des habitations à loyer modique (HLM), mais s’est butée à de longues listes d’attentes. C’est avec l’aide d’une travailleuse sociale qu’elle a finalement entendu parler de Rêvanous.

Aux termes d’un processus de sélection comprenant une entrevue et une évaluation de son autonomie, Marie-Josée Paré a pu s’installer dans un des logements, qu’elle habite avec son conjoint depuis maintenant sept ans.

Au cours de ces sept années, elle relate avoir trouvé un milieu de vie dans lequel elle a pu développer des amitiés, s’épanouir au sein de plusieurs comités de bénévolat et construire son estime de soi.

«Avant, j’étais beaucoup enfermée et je ne parlais pas à personne. Maintenant, j’ai plus confiance en moi», confie-t-elle.

Un milieu inclusif

Les Habitations Rêvanous comprennent 79 logements adaptés tant aux besoins des aînés que ceux des personnes vivant avec une déficience intellectuelle légère. Photo: Isabelle Chénier, Métro Média

Les Habitations Rêvanous accueillent sous un même toit deux types de clientèle. Mme Paré fait partie des résidents de 55 ans et plus qui désirent participer à un projet de mixité sociale. L’autre partie des locataires sont des personnes vivant avec une légère déficience intellectuelle.

L’interaction intergénérationnelle se fait par l’entremise d’activités de socialisation, des conférences ainsi que des ateliers organisés par les locataires selon leurs intérêts.

Un soutien communautaire est par ailleurs offert à tous par une équipe d’intervenantes. Selon la directrice générale Karine Boivin, cet élément «aide grandement à la création d’un milieu de vie plus harmonieux et représentatif de ce qu’on voudrait comme logement social».

Cet appui mentionné par Mme Boivin se matérialise particulièrement à travers le partage d’informations aux locataires quant à leurs droits et responsabilités. Les intervenantes s’assurent dès lors que ceux-ci comprennent leur bail et le règlement de l’immeuble. Elles proposent aussi leur aide dans la gestion de conflit entre les locataires.

«Le but est de créer un milieu de vie différent, non pas juste une tour avec un propriétaire peu soucieux des besoins de ses locataires, explique la directrice générale. On essaie de s’adapter aux personnes qu’on a à l’interne. Plus on les connaît, plus elles s’ouvrent à nous et nous partagent leurs enjeux de vie. On peut adapter nos services et les activités proposées selon leurs intérêts. On essaie le plus possible de répondre à leurs besoins.»

L’enjeu de financement

Les Habitations Rêvanous, qui se sont bien implantées dans le quartier par leur implication sociale et la création de partenariats avec des commerçants locaux, souhaitent développer une seconde phase d’habitations dans les prochaines années. Cette ambition est cependant confronté à un obstacle important: le financement.

Au mois de février dernier, la Société d’habitation du Québec a mis en place le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), axé sur la construction de logements abordables par des promoteurs privés. Celui-ci menacerait de remplacer le programme AccèsLogis qui, quant à lui, offre une aide financière pour la réalisation de logements sociaux et communautaires.

«Le logement abordable ne répond pas aux besoins des personnes ayant des déficiences intellectuelles ou qui vivent sur l’aide sociale. Sans le Programme AccèsLogis, c’est très difficile pour tout organisme communautaire de parvenir à construire des logements sociaux», déplore Karine Boivin.

Cette dernière demeure toujours perplexe quant à la réflexion ayant «mené le gouvernement actuel à couper dans le Programme AccèsLogis pour favoriser celui du logement abordable». Elle craint que certains «partis politiques ne voient pas la crise du logement à Montréal».

Quelques données sur les loyers à Montréal

En juin, le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) a publié un rapport analysant la hausse des loyers au Québec sur une période de trois ans.

Ce document révèle entre autres qu’entre 2021 et 2022, le prix moyen des logements à louer pour l’ensemble de la province avait augmenté de 9%. En moyenne, il faut débourser 1300$ pour un logement toutes tailles confondues.

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