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Porter la voix des enfants à la COP15

Une vingtaine d’élèves de 4e année de l’école primaire Ludger-Duvernay, située à Saint-Henri, ont participé à un atelier de création collective organisé par le mouvement Mères au front à l’Espace Générations vivantes du Collectif COP15.

Lors de l’activité tenue au centre culturel scientifique le Cœur des sciences de l’UQAM dans le cadre des ateliers du 8 et 9 décembre, les enfants ont pu mettre leur talent et leur enthousiasme à l’œuvre pour décorer une Chaise des générations. Celles-ci représentent la place symbolique des jeunes autour des tables de décision lors de l’événement mondial.

«Nous participons à la COP15 en offrant des ateliers aux jeunes de 9 à 12 ans pour qu’ils puissent s’exprimer sur leurs préoccupations concernant la biodiversité et l’environnement. C’est important parce que c’est eux qui vont diriger le monde de demain!», a dit à Métro Lise Huneault, membre du mouvement Mères au front et co-instigatrice du projet.

Présence symbolique

Les Chaises des générations portent les messages des enfants aux dirigeants et dirigeantes en plus de concrétiser un des engagements de la Déclaration de Kunming: intégrer la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité dans tous les processus décisionnels.

«On décore cette chaise pour que les adultes qui vont prendre des décisions à l’ONU la regardent et pensent à nous», lance la petite Livie, âgée de 9 ans.

On a [peint] des animaux sur la chaise qu’on va mettre dans une salle de la COP15. Nous ne serons pas là, mais au moins, ils vont voir notre art!

Grégory, 9 ans, élève de l’école Ludger-Duvernay

Avec des traits minutieux, leur camarade de classe Céleste a ajouté sa touche à l’œuvre collective. «Sans nature on ne peut pas survivre et les animaux non plus, il faut garder la nature en santé», a exprimé la jeune fille de neuf ans.

Céleste et Raphaël participent à l’atelier créatif organisé par Mères au front en marge de la COP15. 

Pour Natalie Ainsley, membre de Mères au front et co-instigatrice du projet Chaises des générations, l’avenir des enfants «se négocie» à la COP15. «Comme on ne peut pas amener les enfants avec nous, les chaises rappelleront aux décideurs que les décisions qu’ils prennent aujourd’hui détermineront le futur de nos enfants.»

La chaise confectionnée durant les ateliers à l’Espace Générations Vivantes sera exposée au Grand Quai du port de Montréal à partir du 9 décembre pendant toute la durée de la COP15. Une deuxième Chaise des générations est exposée à la Maison du développement durable à Montréal.

Prendre soin de la nature

Durant l’atelier, les enfants ont également bricolé un animal de leur choix parmi ceux en voie de disparition, en utilisant des matières recyclées et des peintures aux pigments de terre naturelle. Leurs œuvres seront intégrées à une fresque collective à la fin des ateliers.

«Il faut prendre soin de la nature pour que nous puissions avoir encore tous les animaux quand nous allons devenir adultes», a lancé du bout de sa chaise la petite Valentina, neuf ans, en esquissant un sourire timide.

Henri et Grégory, âgés de neuf ans, montrent fièrement les animaux en danger de disparition qu’ils ont bricolés.

À l’autre bout de la table, Henri découpait soigneusement le petit caribou des bois qu’il a dessiné sur un carton. «Si on met plus de voitures dans le monde, il y aura plus de pollution et il n’y aura plus d’insectes. C’est nous qui allons vivre [les conséquences], vous ne serez plus là», a-t-il souligné.

«On nous apprend des mauvaises choses, comme couper des arbres ou chercher du pétrole. Ce n’est pas une bonne affaire!», a renchéri son camarade Grégory, qui a choisi de bricoler un grand cougar blanc, se disant inquiet pour l’extinction de cette espèce.

Agir maintenant

«Les enfants ne sont pas en position de défendre leurs droits, c’est à nous de le faire. On sait que quand les mamans se mobilisent, ça parle aux politiciens d’une manière différente», a souligné Laure Waridel, cofondatrice de Mères au front en entrevue avec Métro.

On demande que toutes les décisions passent au crible de leur impact sur l’environnement et les prochaines générations.

Laure Waridel, cofondatrice d’Équiterre et chercheuse et professeure associée à l’UQAM, spécialisée en développement international et en environnement

Lancé en mars 2020, Mères au front compte aujourd’hui une trentaine de groupes composés majoritairement de mères et de grand-mères se mobilisant pour protéger l’avenir des générations futures et la vie sur Terre, face à l’urgence climatique et la dégradation des écosystèmes.

Le 7 décembre, le mouvement a été nommé finaliste au prix Droits et libertés 2022 de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et a remporté le prix Coup de cœur du public.

Une place aux tables de décision

Le 5 décembre, l’une des premières Chaises des générations confectionnée à Montréal par des écoliers du quartier Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce a été offerte à la mairesse Gracia Kasoki Katahwa.

«On souhaite que tous les comités exécutifs du Québec en aient une, une chaise qui rappelle aux élus que chaque décision liée à la crise climatique et à la protection de la biodiversité a un impact sur nos générations futures», a indiqué Mme Huneault.

La Chaise des générations s’inspire de celle décorée par des enfants de l’école Sacré-Cœur à Québec, adoptée par le maire de la ville de Québec, Bruno Marchand, en décembre 2021.

Ce texte a été produit dans le cadre de L’Initiative de journalisme local.

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