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De plus en plus d’hommes demandeurs d’asile dans les refuges

Itinérant
Si la police privilégie l’accompagnement des sans-abri vers des refuges, certains itinérants ont reçu une amende salée pour non-respect du couvre-feu. Photo: Josie Desmarais/Métro

Depuis mars 2022, plusieurs refuges d’urgence à Montréal connaissent une affluence de demandeurs d’asile en situation d’itinérance. Ils sont en majorité des hommes seuls qui « sont tombés entre deux chaises » de l’écosystème d’accueil, selon trois organismes que Métro a contactés à propos de ce nouveau phénomène.

Dans la grande majorité, ils sont des jeunes hommes seuls et sans enfants, et ils ne sont pas arrivés forcément par Saint-Bernard-de-Lacolle de façon irrégulière. «Contrairement à ce qu’on croit, la porte d’entrée pour cette “clientèle“ n’est pas le chemin Roxham», observe la directrice générale de Refuges des jeunes, France Labelle.

Son organisme accueille une clientèle jeune (entre 17 à 27 ans) et, depuis mars 2022, c’est une soixantaine de demandeurs d’asile de cette tranche d’âge qui cherchent un abri dans ses locaux. Ce qui représente environ 10% de la clientèle en ce moment, alors qu’ils étaient de l’ordre de 6%, avant la COVID. Des jeunes qui viennent de partout dans le monde : République démocratique du Congo (RDC) Mali, Burundi, Maroc Inde, Mexique et d’Haïti, avec des histoires et des parcours d’immigration différents.

Certains arrivent avec un visa étudiant. D’autres tentent de fuir la guerre ou la violence liée à leur orientation sexuelle. Il y en a aussi qui tentent d’échaper à des aussi narcotrafiquants, des victimes de persécutions ou de catastrophes, etc.

France Labelle, directrice générale de Refuges des jeunes

Une vingtaine de ces migrants font aussi face à des problèmes de santé mentale et 15 d’entre eux auraient besoin de soins liés à leur condition psychologique difficile.

Un système d’accueil engorgé

Mission Bon accueil, un autre organisme qui offre des nuitées temporaires aux sans-abris, confirme que ses clients ne viennent pas tous du chemin Roxham, non plus.

«Souvent oui, mais ça peut être des gens qui arrivent par avion aussi. De l’Amérique du Sud, par exemple», indique en entrevue le directeur général, Sam Watts. Mais comment expliquer ce nouveau phénomène, alors que les demandeurs d’asile reçoivent une aide financière de dernier recours qui leur permette logiquement de pouvoir louer un logis?

Pour M. Watts, la réponse est simple. « C’est très préoccupant. Notre système n’est pas organisé pour accueillir tout ce monde-là. Nos écosystèmes d’urgence pour les personnes vulnérables sont engorgés». Le directeur général de la Mission Old Brewery, James Huhes, croit plutôt que ce sont souvent des gens qui sont tombés entre deux chaises (du système d’accueil) en raison d’une série de problèmes auxquels ils font face.

« Parfois, ces derniers sont impliqués dans des conflits ou encore ils ont des problèmes de troubles de comportement ou de santé mentale…», constate M. Huhes. «Et, comme ils ne peuvent pas rester là où ils sont, ils n’ont pas d’autres options que de venir chez nous», renchérit-il.

Son organisme a commencé à discuter avec le Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA) de l’accueil des migrants qui n’ont pas d’endroit où se loger seulement en automne dernier. Et déjà, la Mission preste ses services à une trentaine de personnes qui se retrouvent à la rue.

Au total, 70% des demandeurs sont des hommes.

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