Un feu intelligent qui pourrait séduire la métropole
Déjà déployé depuis une dizaine d’années en Europe, le feu de ralentissement éducatif Fred de l’entreprise Signalisation Kalitec pourrait s’avérer être un outil efficace à Montréal alors que la métropole est aux prises avec des enjeux de sécurité routière. La Ville de Brossard a été séduite par l’idée de ce feu qui force les automobilistes à ralentir. Elle a ainsi installé un de ces feux sur la rue Stravinski dans le cadre d’un projet pilote de 90 jours.
Le feu Fred fonctionne par la détection des ondes des voitures qui approchent. Il demeure rouge tant que la limite de vitesse n’est pas respectée par la voiture. Ce feu intelligent permet aussi d’enregistrer des statistiques pour suivre le comportement des automobilistes.
Il peut fonctionner à l’énergie solaire ce qui évite aux municipalités d’effectuer d’importants travaux d’excavation. Avec un coût moyen de 10 000$ à 20 000$, ce feu représente donc une alternative peu dispendieuse pour les villes toujours en quête de solutions pour faire respecter les limitations de vitesse.
Toutefois, le feu Fred ne peut pas être installé n’importe où. Il doit être situé sur une rue où la limitation est de 50 km/h ou moins et qui comporte seulement une voie de circulation dans chaque sens. Il ne peut pas être installé près d’une traverse piétonne et proche d’une intersection.
Cette installation pourrait donc très bien se retrouver aux abords des écoles ou dans les rues résidentielles, souvent utilisées comme raccourcis par les automobilistes, mettant davantage en danger les usagers les plus vulnérables comme les piétons et les cyclistes.
Considérant les critères d’installation, la mairesse de la Ville de Brossard, Doreen Assaad, est d’avis qu’un tel feu peut être aménagé dans d’autres villes comme Montréal.
«Je ne vois pas où ça ne peut pas être installé que ce soit une petite municipalité ou une grande ville, dit-elle. Il y a plein de places où ça pourrait être installé si ça fonctionne sur la rue Stravinski, selon moi. Il y a beaucoup de rues similaires à travers le Québec.»
Doreen Assaad veut attendre la fin du projet pilote pour constater l’efficacité et l’utilité de ce feu. Si les résultats sont concluants, la mairesse de Brossard espère pouvoir voir ce type de feu s’implanter à travers le Québec. «Dépendamment de la conclusion, notre souhait c’est d’arriver à faire que ce soit normé au niveau du ministère du Québec et que ce soit une option parmi tant d’autres», ajoute -t-elle.
Un feu efficace en Europe
Les études menées en France avec le feu Fred montrent qu’il permet de faire respecter la vitesse chez 90 à 95% des automobilistes alors qu’un simple avertisseur de vitesse permettrait de diminuer de 20% les vitesses excessives.
Selon le directeur des ventes et marketing et co-propriétaire de l’entreprise de l’entreprise Signalisation Kalitec, Anthony Lapointe, ce feu, déjà testé en Europe, «a tout à fait sa place dans la métropole».
«Je vois ce feu-là s’intégrer très facilement à Montréal aux abords des écoles, aux abords des rues résidentielles, dit-il. On peut le voir comme un afficheur de vitesse encore plus puissant, car devant un feu rouge à peu près tout le monde a le même réflexe donc le niveau de respect du feu est très élevé.»
Pour Anthony Lapointe, le seul facteur qui pourrait rendre plus difficile l’installation d’un feu Fred à fonctionnement solaire serait la hauteur des bâtiments et la densité urbaine. Il rappelle cependant qu’une version du feu raccordée au réseau électrique existe déjà.
L’entreprise familiale basée à Laval espère pouvoir effectuer une cinquantaine de projets pilotes à travers le Canada cette année.
Questionnée par Métro, la Ville de Montréal a expliqué ne pas avoir l’intention d’utiliser ce type de technologie pour l’instant.