Votre arrondissement est-il vraiment vert?

Dans la métropole, si certains arrondissements sont naturellement logés
à meilleure enseigne que d’autres, qu’en est-il des actions prises par
les élus et les citoyens pour rendre leur environnement plus vert?
Métro débroussaille le sujet.
L’or vert menacé
En 2005, la Ville a adopté sa Politique de l’arbre en vue de développer et de mettre en valeur son patrimoine vert. Depuis plusieurs années, elle perd en moyenne 75 hectares de boisés par an. En deux ans, «des pas en avant ont été accomplis, toutefois les défis demeurent nombreux», note un rapport de septembre 2007 qui montre du doigt le manque de ressources humaines et financières offertes aux arrondissements pour réaliser la politique.
À cette date, seul l’arrondissement de Saint-Laurent avait entamé l’élaboration de son plan arboricole. L’échéance est fixée à la fin de 2010. En outre, à la fin de cette année, seuls quatre arrondissements (Sud-Ouest, Ahuntsic-Cartierville, LaSalle, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve) disposeront d’un inventaire géoréférencé et à jour de leurs arbres publics.
Ce type d’inventaire s’avérerait indispensable en cas d’infestation par des insectes ravageurs exotiques tels que le Longicorne asiatique. Toronto a dû abattre plus de 30 000 arbres à la suite de la découverte d’arbres infestés.
Dix écoterritoires, et après?
À Montréal en 2007, le pourcentage de zones protégées est de 4,2 % (3 % en 2004). La politique québécoise en demande 8 %, dont 6 % en milieu terrestre. Cette politique vise à protéger les boisés et les milieux humides qui favorisent, entre autres, le maintien d’une certaine diversité animale et végétale sur l’île.
- Bons coups
Beaconsfield-Baie-D’Urfé. Dans l’Ouest-de-l’Île, la Ville a acheté environ 20 % des 112 hectares du Bois Angel, en soustrayant ainsi une partie à la pression immobilière.Le ruisseau de Montigny. L’un des derniers milieux naturels de l’est de Montréal a été sauvé grâce à l’entente entre la Ville et les institutions qui se trouvent sur ce territoire. Un sentier a été créé tout le long du ruisseau sur 3,3 km, et la Ville songe à acquérir d’autres parcelles pour l’agrandir.
- Mauvais coups
Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles. Le maire veut construire une maison de la culture et des bureaux d’arrondissement dans un bois de 10 hectares contenant un milieu humide.Côtes-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. Depuis qu’elle a changé le règlement en plein été, la mairie veut rogner sur les espaces verts pour construire un complexe sportif au parc Benny.
Recyclage : de grands disparités
La Ville ne compostera les déchets de table que dans deux ans, si l’on se fie à son Plan de gestion des matières résiduelles. Pour répondre aux objectifs fixés par Québec, Montréal doit être capable de récupérer 60 % de ses matières résiduelles d’ici la fin de l’année, mais la Ville n’y parviendra qu’après 2012.
Taux de récupération des matières recyclables (2006) |
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1. Outremont | 59% | 11. Verdun | 34% |
2. Plateau-Mont-Royal | 58% | 12. Anjou | 33% |
3. Ville-Marie | 57% | 13.Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension | 31% |
4. Rosemont-La Petite-Patrie | 51% | 14.Rivière-des-Prairies-P.-A.-T. | 31% |
5. Sud-Ouest | 48% | 15. Pierrefonds-Roxboro | 29% |
6. Ahuntsic-Cartierville | 42% | 16. Saint-Laurent | 27% |
7. Côte-des-Neiges-N.-D-.G. | 41% | 17. Lachine | 22% |
8. LaSalle | 38% | 18. Saint-Léonard | 21% |
9.L’Île-Bizard-Sainte-Geneviève | 35% | 19. Montréal-Nord | 17% |
10.Mercier-Hochelaga-Maisonneuve | 35% | Source: Ville de Montréal |
Sur l’île de Montréal, c’est la ville de Senneville, dans l’ouest, qui remporte la palme avec un taux de récupération des matières organiques de 84 %. Les villes de Côte-Saint-Luc et Westmount sont déjà engagées dans des projets-pilotes de collecte des déchets de table. Une partie de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal pourrait suivre dès cet automne.
Herbicides et pesticides restent présents
Dans la foulée de la politique québécoise, la Ville a décidé en 2004 de bannir l’utilisation des pesticides et des herbicides sur son territoire, à quelques exceptions près (ex.: nids de guêpes).
Les 19 arrondissements, responsables de l’application du règlement, doivent rendre un bilan à la Ville tous les ans. Ils y détaillent l’utilisation précise de chacun des produits de traitement utilisés et le nombre d’exemptions données aux citoyens et aux entreprises. À ce jour, seul l’arrondissement de Verdun n’avait pas encore fourni le sien.
Même si le Jardin botanique dispose d’exemptions en matière de pesticides, certaines utilisations suscitent des interrogations. Son Bilan 2005-2007 indique l’usage annuel de 6,5 kg de Roundup à base de glyphosate. Même si ce produit figure désormais sur la liste des produits à faible impact de l’ARLA (Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire), sa toxicité est néanmoins dénoncée par plusieurs scientifiques.
Pareil pour les arrondissements. «Il est illusoire de croire qu’aucun pesticide n’a été utilisé dans l’arrondissement étant donné l’aspect de certains terrains», peut-on lire dans le rapport annuel de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, qui suggère que davantage de ressources soient consacrées à ce dossier, notamment pour débusquer les contrevenants.
Il apparaît aussi que les produits à base d’acéphate demeurent utilisés pour l’élimination des pucerons dans certains arrondissements tels que Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Ahuntsic-Cartierville ou Sud-Ouest. Ces produits sont interdits en Europe.
Accès aux rives et aux parcs
En 2006, Montréal comptait 4 400 hectares de parcs. La moitié de la superficie arboricole est occupée par les 20 grands parcs. Le reste est occupé par des parcs locaux. Là aussi, l’inégalité règne.
Superficie de parcs locaux (m2 par habitant) | |||
1. Ahuntsic | 36m2 | 11. Outremont | 8m2 |
2. Sud-Ouest | 34m2 | 12. LaSalle | 7m2 |
3. Verdun | 26m2 | 13. Plateau-Mont-Royal | 5m2 |
4. Rivière-des-Prairies-P.-A.-T. | 23m2 | 14. Ville-Marie | 5m2 |
5. Saint-Laurent | 15m2 | 15. Côte-des-Neiges-N.-D.-G. | 4m2 |
6.Mercier-Hochelaga-Maisonneuve | 14m2 | 16. Montréal-Nord | 4m2 |
7. Lachine | 14m2 | 17. Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension | 3m2 |
8. Île Bizard-Sainte-Geneviève | 14m2 | ||
9. Rosemont-La Petite-Patrie | 11m2 | (Pas de données pour Anjou et Pierrefonds-Roxboro) | |
10. Saint-Léonard | 10m2 | Source: Ville de Montréal |
Sur les 315 km que représente le pourtour de l’île de Montréal, 133 km de rives sont accessibles. Les arrondissements privilégiés sont ceux de LaSalle, Lachine et Verdun, dont la presque totalité du rivage est composée de rives publiques. À l’inverse, les villes défusionnées de Montréal-Est et Dorval sont parmi les moins bien pourvues de ce côté-là.
Selon les données du programme QALO compilées par le Conseil régional de l’environnement (CRE), la qualité de l’eau était propice à la baignade dans la moitié des 123 endroits testés. Pratiquement aucun lieu de baignade n’est envisageable à l’est du Vieux-Port, au nord comme au sud de l’Île.