La Coalition rouge presse le SPVM de «réviser» sa Politique d’interpellation
Certains chercheurs réclament un moratoire sur la Politique d’interpellation du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), ce que refuse le chef Fady Dagher. Voilà que la Coalition rouge, un groupe de pression en matière de droit civique, appelle à une révision totale et «immédiate» de la façon de faire des policiers, à Montréal.
En conférence de presse vendredi, le président du groupe Alain Babineau, un policier de la GRC à la retraite, a pourfendu la notion de «faits observables» qui servent de motifs aux agents afin d’interpeller des citoyens comme bon leur semble. Selon lui, cela n’a aucun fondement légal.
«On demande qu’ils mettent plutôt la politique sur des soupçons raisonnables» a dit l’ancien agent de l’ordre, en entrevue avec Métro. De plus, la Coalition rouge exige que les policiers remettent aux individus interpellés un billet qui permettrait de retracer l’événement.
On s’entend que ce n’est pas cela qui va arrêter le profilage, mais cela va le rendre plus difficile.
Alain Babineau, ancien policier et président de la Coalition rouge
Son groupe exige que ces changements réclamés s’appliquent également aux véhicules, alors que cette question est régie par l’article 636 du Code de la sécurité routière.
Des abus de l’article 636
Actuellement, en vertu de cette disposition, un agent de l’ordre peut à tout moment intercepter une voiture et interroger le conducteur sur la validité de son permis de conduire, l’état du véhicule, entre autres. Toutefois des policiers en abusent selon la Coalition qui a présenté une victime de l’article 636 lors de leur conférence de presse.
Un homme noir de 27 ans, Cyrus Senior, considère avoir été profilé le 23 juin dernier lorsqu’un policier l’a intercepté vers 2h du matin. Il est ingénieur logiciel et amuse la galerie à temps perdu comme DJ. Il revenait d’un bal de finissants, qu’il avait animé.
«Il m’a dit qu’il m’arrêtait parce que je conduisais à une heure inhabituelle, a-t-il raconté. Il m’a aussi dit qu’il m’arrêtait parce que la voiture était enregistrée au nom d’une femme», en l’occurrence sa mère.
Pour Cyrus Junior, la vraie raison de son arrestation est qu’il a la peau noire.
La Coalition rouge a adressé, vendredi matin, une lettre formelle au chef du SPVM pour exiger cette révision.