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À la recherche de la mémoire des quartiers disparus

Imaginez un peu. On vous montre la photo de la maison que vous habitiez il y a cinquante ans et qui a dû être rasée pour faire place à un projet d’urbanisme. Forcément, c’est toute votre vie de l’époque qui remonte à la surface. C’est ce qui est arrivé récemment à Terry Furlong, 81 ans.

Avec ses trois comparses du Goose Village, un ancien quartier de l’ouest de l’Île, il ont été retracés par le Centre d’histoire de Montréal (CHM) qui leur a demandé de plonger, devant la caméra dans leurs souvenirs de l’époque. Pour les aider, le Centre d’histoire est allé fouiller dans les archives de la ville pour exhumer les photos du quartier, car chaque édifice avait été photographié avant d’être rasé.

«Elle est plus belle que jamais», rigole Terry Furlong devant la photo de la maison dans laquelle il est né et dans laquelle il s’est marié, maison qu’il n’avait pas revue depuis la destruction du quartier ouvrier en 1964. À l’époque, avoir un appareil photo n’était pas à  portée de tous! Aujourd’hui encore, les raisons de la démolition du quartier restent encore un peu obscures. La ville prétendait à l’époque que c’était dans le cadre de la préparation de l’Expo67, mais beaucoup pensent encore que le maire Drapeau voulait cacher le quartier ouvrier de la vue des visiteurs arrivant par le pont Victoria.

Aucune rancÅ“ur ou presque chez nos quatre anciens. Ils se rappellent encore de la crise de 29, du départ pour la guerre pour certains, du travail à l’usine de la Northern Telecom pour d’autres, du petit cireur de chaussures à 10 ¢, de la cohabitation entre Irlandais et Italiens jusqu’à l’annonce de l’éviction postée et sans cérémonie. La même démar­che d’appel à la mémoire a été réalisé pour trois autres quartiers disparus pour laisser place à la tour de Radio-Canada, l’autoroute Ville-Marie et les Habitations Jeanne-Mance.

«L’idée, c’est de visiter Montréal à travers les yeux et la voix des acteurs de ces histoires. Ce sont de véritables petits trésors de mémoire qui varient entre le cru, le tendre, le bouleversant et le drôle », confie Catherine Charlebois, chargée de projet histoire orale et mémoire pour le CHM.  Aidée par la recherchiste et intervieweuse Stéphanie Lacroix, Catherine Charlebois a réalisé une quarantaine d’entrevues filmées. Celles-ci seront intégrées à l’exposition Quartiers disparus qui devrait être inaugurée au printemps prochain. «L’exposition se veut aussi une réflexion à saveur urbanistique sur le prix de l’action et celui de l’inaction», conclut Jean-François Leclerc, directeur du CHM.

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