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Striptease

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Ligne verte du métro, direction Angrignon. Nous sommes mercredi, il est 10 h 40.

Cet avant-midi-là, il faisait aussi froid dehors que chaud à l’intérieur du métro. Mais je ne vous parlerai pas de météo. Car je trouve, souvent, qu’on en parle trop. Il faut cependant reconnaître ce que les changements de climat imposent ou, dans le meilleur des cas, ce qu’ils nous inspirent en termes d’organisation.

Comme en témoigne la dame qui entre dans la voiture. Elle est vêtue d’une énorme doudoune qui ferait verdir d’envie Bernard Voyer, d’une tuque phénoménale assortie à son foulard et de mitaines avec lesquelles on pourrait sûrement manier le barbecue tant elles semblent protectrices et résistantes. Le tout est couronné par ce qu’elle porte aux pieds : des bottes lunaires qui éclipsent toute compétition en termes de «chaleur garantie jusqu’à – 40 0C!»

La dame vient de se «détuquer», ce qui me permet de mieux voir son visage. Elle a la cinquantaine avancée, les cheveux poivre et sel, et admirablement coiffés. Cela malgré le port du bonnet qui terrorise généralement les mises en plis, même les plus coriaces.

L’emmitouflée traîne derrière elle un petit caddy pour faire les courses, sur roulettes. Il était plié jusqu’à maintenant, mais voilà qu’elle le déploie.

Commence alors l’épluchage : elle ôte ses mitaines, dénoue l’écharpe qu’elle place au fond de son baluchon roulant. Fait glisser la fermeture éclair et s’extirpe de son manteau polaire, le roule et l’envoie rejoindre les autres accessoires hivernaux. Puis, elle récupère un sac de plastique. Elle s’assoit, se déchausse, puis termine le chargement par ses remarquables bottes. D’une pochette, elle sort des chaussures qu’elle enfile.

Le striptease aura duré exactement le temps de franchir la distance entre les stations McGill et Peel, où descend la dame. On dirait qu’elle est montée à bord en février et qu’elle descend en septembre. Une autre preuve que le temps, les saisons, souvent, passent si vite.

Mais tel que promis, on ne parlera pas de météo.

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