Chut! Ne dites pas ce mot pendant les élections

Chut! Ne dites pas ce mot! Les grands partis politiques ne veulent ni l’entendre, ni le dire et surtout pas l’écrire. Il y a pourtant déjà 18 000 personnes qui, en moins de 2 semaines, ont signé une pétition demandant qu’on se préoccupe de ce mot: pipeline.

Trois projets majeurs de pipelines sont prévus au Québec dans les prochaines années; des projets qui feront de la province un lieu de passage hautement stratégique du pétrole issu des sables bitumineux.

Est-ce nécessaire de rappeler que le développement des sables bitumineux est sans doute le pire projet industriel au monde? Ce pétrole émet 3 à 4 fois plus d’émissions que le pétrole conventionnel. Les émissions de gaz à effet de serre des sables bitumineux ont triplé entre 1990 et 2010 et il est prévu qu’elles doubleront encore d’ici les 10 prochaines années. C’est la principale raison pour laquelle le Canada n’atteindra pas ses (modestes) cibles de réduction.

Selon plusieurs experts et agences internationales, on devrait renoncer à exploiter ce type de pétrole pour éviter les pires scénarios de changements climatiques.

L’un des projets de pipelines, Énergie Est, ferait transiter 1,1 million de barils de pétrole sale par jour par la région métropolitaine de Montréal, celle de Québec, les régions de Lanaudière, la Mauricie et celle du Bas-Saint-Laurent. Il s’agit du plus important projet de pipeline en Amérique du Nord et, fait intéressant (mais surtout, inquiétant), Transcanada en est le promoteur, cette même entreprise qui tente de construire le fameux pipeline Keystone XL aux États-Unis.

C’est entre autres contre le projet Énergie Est qu’une pétition a recueilli 18 000 signatures dans l’espace d’à peine deux semaines! D’ailleurs, vous pouvez y ajouter votre nom ici.

Comment se fait-il qu’un projet aussi important ayant des conséquences aussi dévastatrices ne fasse même pas l’objet d’une mention dans les plateformes du PQ, de la CAQ ou du Parti Libéral ? Québec Solidaire se positionne contre le projet.

Le fédéral ayant pratiquement enlevé toute exigence sérieuse d’évaluation environnementale indépendante et de consultation du public pour les projets de pipelines, il est plus que jamais essentiel que les provinces jouent ce rôle. L’Ontario (pourtant moins nationaliste que le Québec) a déjà lancé sa propre évaluation du projet Énergie est. Qu’attendons-nous?

Aux dernières élections, tous les grands partis avaient une promesse ambitieuse de réduction des gaz à effet de serre pour le Québec. Si on tient pour acquis que les changements climatiques les intéressent toujours, il me semble qu’un pipeline qui sera responsable de l’émission de 32 millions de tonnes de gaz à effet de serre par année devrait sonner une alarme à nos leaders québécois?

Quand on vous dit «chut», il faut parfois parler plus fort! Il n’est pas trop tard pour convaincre les trois principaux partis de prononcer ce mot: cliquez ici pour écrire à vos candidats locaux et leur demander de se positionner sur cet enjeu.