Cathy Wong: se loger au féminin
À Montréal, le taux d’emploi des femmes est encore inférieur à celui des hommes, rappelle Cathy Wong, présidente du Conseil des Montréalaises. Leur secteur d’emploi est souvent moins bien rémunéré ou précaire. À l’aube du 1er juillet, plusieurs vivent plus difficilement la période de recherche de logement. Mme Wong dresse un portrait de la situation.
Quelles sont les difficultés qu’éprouvent les femmes dans leur recherche de logement?
Encore aujourd’hui, les Montréalaises sont plus pauvres que les hommes, parce que la pauvreté est toujoura un mot qui se conjugue au féminin. On pense également à certains groupes plus sujets à vivre dans des situations de pauvreté, notamment les femmes à la tête de familles monoparentales, les aînées, les immigrantes, les femmes en situation de handicap.
On sait qu’à Montréal, le taux d’emploi des femmes est inférieur à celui des hommes, elles gagnent également un revenu plus bas, et sont donc plus à risque de vivre dans une situation de pauvreté. Partant de cette réalité, l’accès à la propriété et l’accès à des logements salubres sont plus difficiles pour les femmes.
Ces femmes sont désavantagées par rapport à une hausse des coûts des loyers et se retrouvent bien souvent à habiter dans des quartiers défavorisés, pauvres en services de proximité.
Les femmes rencontrent-elles des obstacles liés directement à leur sexe dans leur recherche de logement?
Certaines personnes nous rapportent des cas de harcèlement sexuel de propriétaires contre les femmes. Les femmes ont parfois un sentiment d’insécurité et il faut également se préoccuper de cette question lorsqu’on pense à l’accès au logement. On reçoit des témoignages de femmes qui se sont fait refuser un logement parce qu’elles ont des enfants, des femmes chefs de famille monoparentale ou encore des femmes bénéficiaires de l’aide sociale.
Quelle est la différence entre les situations de pauvreté ou d’itinérance vécues par les hommes et les femmes?
Lorsqu’on parle d’itinérance chez les hommes, personnellement, je la trouve plus visible, les hommes sont dans la rue. Les femmes vont plutôt dormir chez différentes personnes et vont bouger d’un logement à un autre et peuvent également être travailleuses du sexe. Donc, lorsque viendra le temps de développer le plan d’action de la Politique nationale de lutte à l’itinérance, il faut prendre en considération les besoins différenciés des femmes et des hommes en termes d’itinérance.
Est-ce que Montréal en fait suffisamment pour répondre aux besoins des personnes vivant en situation de pauvreté?
Un des plus grands défis pour nous, c’est d’augmenter l’offre de logements sociaux. Mais ce qu’on voit, à Montréal, c’est une concentration des logements sociaux et des poches de pauvreté dans certaines régions de Montréal. Ça fait en sorte que ces arrondissements peinent à se développer, à offrir des services adéquats et à développer plus d’opportunités. Ça devrait être une responsabilité collective, mais ce n’est pas le cas actuellement.
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À Québec, en attente du plan d’action
Le plan d’action pour la mise en application de la Politique nationale de lutte à l’itinérance, présentée par le dernier gouvernement péquiste, est encore attendu par les groupes communautaires.
Au cabinet de l’actuel ministre de la Santé, Gaétan Barrette, on indique que le ministre n’a pas encore participé à la réunion d’information relative à cette politique.Ce n’est qu’après cette rencontre qu’il prendra une décision sur l’élaboration du plan d’action.
Salaire
Selon une étude commandée par le Front d’action populaire en réaménagement urbain à Statistique Canada en 2006, l’écart entre le revenu des femmes et celui des hommes demeure important.
- Chez les locataires, le revenu médian des hommes au Québec était de 33 303$ par année, alors que celui des femmes était de 25 814$.
- 42,2% des ménages montréalais dont le principal soutien financier est une femme devaient consacrer plus de 30% de leur revenu au loyer.
Conférence Montréalement femmes: avoir un toit pour soi
Présentée par le Conseil des Montréalaises mercredi de 12h à 1 h30, gratuit