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Une maison d’hébergement pourrait fermer le tiers de ses lits

Photo: Yves Provencher/Métro

La députée de Gouin, Françoise David, demande au gouvernement d’agir pour empêcher la fermeture de six lits dans une maison pour femmes en difficulté de Montréal.

«Il n’y a pas beaucoup de ressources pour femmes à Montréal. Ça a l’air de rien, six lits, mais c’est une ressource essentielle pour toutes celles qui en ont besoin», estime Mme David. La Maison Marguerite demande un montant récurrent de 200 000$ pour financer ces six lits et les services qui les accompagnent. Le budget annuel de l’organisme est de 1,5M$.

L’organisme offre présentement 18 lits de courte durée pour des femmes en situation d’urgence qui n’ont pas d’autre endroit sécuritaire où résider. Elles vivent une situation de détresse qui menace leur santé, que ce soit la toxicomanie, les problèmes de santé mentale, la violence conjugale, la pauvreté extrême ou l’itinérance. La Maison offre aussi de l’hébergement à long terme, de même qu’un soutien dans les démarches de réinsertion sociale de ces femmes.

Maison Marguerite

C’est lors de son déménagement en 2007 que l’organisme a augmenté sa capacité d’hébergement de courte durée de 12 à 18 lits. Le financement public n’a toutefois pas suivi, puisque l’Agence de la santé et des services sociaux refuse depuis sept ans d’accorder du financement pour ces six lits supplémentaires. «Nous avons réussi à nous autofinancer pendant sept ans, mais aujourd’hui, c’est l’impasse. Nous devrons les fermer dès septembre», s’est désolée Martine Rousseau, directrice générale de la Maison Marguerite. Elle souligne que le taux d’occupation de la maison est de plus de 100% et que 8400 demandes d’hébergement ont été refusées en 2013 par manque de places.

C’est donc à la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique, Lucie Charlebois, que s’adresse aujourd’hui la Maison Marguerite et ceux qui la soutiennent, afin qu’elle intervienne dans ce dossier. «Comme société, on ne met pas assez d’argent en soutien aux populations les plus vulnérables, a dénoncé Mme David. Ce qu’on demande au gouvernement du Québec, c’est de ne pas laisser tomber les plus mal pris.»

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La Maison Marguerite reçoit le soutien du Centre de santé et de services sociaux Cœur-de-l’Île et du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), qui dénoncent un sous-financement généralisé des ressources d’hébergement en itinérance. «Il y a de plus en plus de femmes en situation d’itinérance à Montréal. Plusieurs centres d’hébergement qui leur viennent en aide doivent refuser tous les soirs de trop nombreuses femmes faute de place. Si la Maison Marguerite ferme des lits, cela viendra ajouter à la pression qui est vécue», a signalé Marjolaine Despars, coordonnatrice adjointe du RAPSIM.

Selon Mme Despars, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette hausse de l’itinérance, comme la hausse des prix des logements, les contrecoups des dernières crises économiques et le désengagement des hôpitaux qui réfèrent de plus en plus de patients sortants à des ressources en itinérance.

Pour Jocelyne, qui séjourne à la Maison Marguerite depuis trois ans, le prix élevé des logements à Montréal a contribué à la conduire à la rue. «C’était trop difficile dans la rue. J’étais fatiguée et je n’en pouvais plus», a-t-elle témoigné.

Son expérience dans la maison d’hébergement lui a fait beaucoup de bien. «Pour moi, c’était comme arriver dans un château. On a des bons repas, des balançoires, des activités sociales, un service de coiffure et un vestiaire, ce qui est très important quand on vient de la rue et qu’on n’a presque pas de linge. Mais surtout, le personnel nous respecte et nous soutient», a raconté Jocelyne. Elle amasse aujourd’hui de l’argent et travaille à développer son autonomie pour déménager dans des habitations à loyer modique (HLM) dans environ un an.

L’attaché de presse de la ministre Charlebois, Alexandra Bernier, n’a pas pu confirmer si des fonds supplémentaires seraient accordés prochainement à la Maison Marguerite ou aux organismes d’aide aux itinérants. «On attend le budget de la semaine prochaine, a souligné Mme Bernier. Je peux toutefois assurer que la situation des femmes vulnérables est une grande préoccupation pour Mme Charlebois, et qu’elle est très au fait des difficultés de la Maison Marguerite.»

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