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Quatre enjeux pour la Sainte-Catherine Ouest

L’avenir de la rue Sainte-Catherine Ouest se joue actuellement, mais on n’en parle pas suffisamment sur la place publique, regrettent certains. Cette séance de «relookage extrême» pourrait s’avérer exceptionnelle… ou décevante. Encore une fois, la question du partage de la rue sera au cœur des débats. États des lieux à la veille du PARK(ing) Day.


1-Piétonne ou pas?

Défi Sainte-Catherine piétonne
Si tous s’accordent pour dire qu’il faut élargir les trottoirs, certains, comme l’Alliance pour un nouveau partage de la rue Sainte-Catherine, pensent qu’on devrait piétonniser la zone en face de La Baie, éliminer le stationnement sur 4km et ne garder qu’une seule voie de circulation. Elle serait dédiée au transport en commun, au taxi, au vélo, à l’autopartage, aux livraisons et aux personnes à mobilité réduite.

«La rue Sainte-Catherine n’héberge que 2,4% des places de stationnement offertes dans le périmètre», indique Félix Gravel, du Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Mtl). De son côté, Destination centre-ville, l’organisme qui représente les 8000 entreprises du centre-ville, craint que cela nuise aux opérations quotidiennes d’un centre-ville déjà fort congestionné. «Il est envisageable de retirer une voie de stationnement», mais il faudrait compenser ces pertes ailleurs, clame André Poulin, son directeur, qui pense que la piétonnisation créerait une sorte de no man’s land pendant l’hiver.


2-S’inspirer de ZenPark

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Selon une étude, 30% des automobilistes qui roulent au centre-ville sont en train de chercher une place de stationnement. Pourtant, des milliers de places inutilisées dorment sous les tours de bureaux, les hôtels ou les institutions. «Montréal ne fait pas exception, avec près de 13 000 places sous-utilisées dans le secteur à réaménager», affirme Félix Gravel, du CRE-Mtl. Certes, le stationnement de l’UQAM accommode désormais des spectateurs nocturnes de la Place des Arts, c’est une exception.

Rentabiliser ces places, mais c’est la mission de la start-up parisienne ZenPark. L’entreprise négocie des places libres dans les stationnements d’hôtels ou d’entreprises, et les loue à ses membres via une application gratuite pour téléphone intelligent. Un an près son lancement, ZenPark offre déjà 1000 places dans environ 30 stationnements. «On fait un partage de revenus qui permet à l’organisation qui offre des places de récupérer, selon leur nombre et leur localisation, entre 15 000$ et 45 000$ par an», indique William Rosenfeld, fondateur de ZenPark. Une version montréalaise de l’application ne nécessiterait qu’un investissement de quelques centaines de milliers d’euros, selon lui.


3-Repenser les travaux

Défi Sainte-Catherine chantier caché
Les travaux qui s’éternisent ont fait beaucoup de mal aux commerçants du boulevard Saint-Laurent en 2008 et à ceux de l’avenue du Parc en 2010. Pour tenter de limiter la casse, le directeur général de Destination centre-ville, André Poulin, propose de s’inspirer de la Chine et de l’Europe, où on réussit à limiter plusieurs des effets négatifs des chantiers en les isolant de la vie qui se poursuit tout autour.

«Le chantier se trouve­rait alors en sous-sol, derriè­re des clôtures, et on aurait aménagé des plate­formes surélevées qui permettraient aux piétons de continuer à vaquer à leurs occupations et aux livraisons de se faire sans trop de problèmes», explique-t-il. Ce concept permettrait aussi d’accélérer les travaux, les ouvriers n’ayant aucune source de distraction.

Selon M. Poulin, le secteur du centre-ville, avec ses 300 000 employés, représente le poumon économique du Québec et se doit donc «d’éviter un chantier qui s’éternise dans un chaos total, comme ce fut le cas dans plusieurs chantiers précédents».


4-Consulter totalement

Défi Sainte-Catherine consultation
Pour recueillir des suggestions ciblées, l’Office de consultation publique de Montréal a été écarté. La Ville a plutôt misé sur un site internet et des comités techniques portant sur cinq thématiques.

«Le problème, c’est qu’on ne peut être représenté que dans un seul de ces comités», note Félix Gravel, du CRE-Mtl, qui a choisi celui de la mobilité. «Ce genre de discussions en silos ne permet pas, par exemple, d’échanger avec les commerçants afin de trouver des solutions qui satisfassent tout le monde», dit-il.

Du côté de la Ville, on explique ce choix par le fait de «vouloir bien comprendre comment les différentes options présentées répondent aux besoins et attentes des différents groupes d’usagers, sans qu’un point de vue ou un groupe ne domine les discussions». La Ville souligne aussi que d’autres aspects de la consultation tels que la plateforme de discussion en ligne ou la composition du comité d’accompagnement permettent de confronter les points de vue.

De son côté, le directeur de Destination centre-ville, André Poulin, déplore que la question de la piétonnisation occupe une trop grande place. «On creuse sur 10 m de profondeur. Peut-on en profiter pour envisager d’installer un tunnel de service qui éviterait à l’avenir d’excaver, ou même de penser un système de géothermie qui deviendrait une vitrine technologique pour le déneigement de la rue et des trottoirs?» indique-t-il.


Plusieurs initiatives à surveiller 

En ville sans ma voiture n’a pas lieu cette année. Ainsi, il n’y aura pas de périmètre fermé à la circulation automobile au centre-ville. Seul le PARK(ing) Day, qui consiste à transformer 200 cases de stationnement en lieux publics conviviaux, aura lieu. Voici des initiatives à surveiller vendredi:

  • Agriculture urbaine en face du cabinet Rayside Labossière, sur la rue Ontario
  • Référendum à saveur automobile, rue Saint-Denis, grâce aux étudiants en design d’événements de l’UQAM
  • Exemples internationaux inspirants de partage de la rue, près du square Phillips
  • Performance des musiciens du métro près du square Dorchester
  • Ambiance tropicale au square Victoria avec Voyagez futé
  • Lundi, les vélos BIXI pourront être empruntés pour 1$

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