Des citoyens sommés de quitter le parc des Gorilles
Le comité de citoyens, les AmiEs du parc des Gorilles, a reçu l’ordre de faire place nette d’ici mardi après-midi sur le terrain, situé à l’angle des rues Beaubien Ouest et Saint-Urbain. La compagnie Développement Olymbec, propriétaire des lieux, a fait parvenir une mise en demeure au regroupement.
Surprise vendredi dernier pour Frances Foster et Simon Van Vliet, les fers de lance des AmiEs du parc des Gorilles.
Tous deux ont reçu à leur domicile la visite d’un huissier leur présentant une lettre de mise en demeure, rédigée par Patrice Bussière, avocat chez Développement Olymbec.
« Il a été porté à notre attention que plusieurs palettes de bois, planches, et autres biens, ont été laissés sur le terrain par les AmiEs du parc des Gorilles, et ce, sans l’approbation de notre cliente, peut-on lire dans le courrier, dont TC Media a obtenu copie. De ce fait, notre cliente donne cinq jours afin d’enlever l’entièreté des biens, à défaut de quoi, lesdits biens seront jetés et tous les coûts de cette opération vous serons réclamés personnellement, et ce, sans autre avis ni délai. »
Plusieurs aménagements, notamment des bacs de plantes, ont été installés en juin 2014 par plusieurs résidents, dans le cadre de l’opération 100 en un jour Montréal; un mouvement d’actions citoyennes qui vise à se réapproprier la ville.
Les résidents du secteur souhaitaient redonner de la verdure à cet espace, devenu îlot de chaleur depuis le déboisement réalisé par Développement Olymbec, en 2013.
Le comité de citoyens avait également dévoilé sa vision pour le nouveau parc, il y a tout juste un mois.
Mme. Foster et M. Van Vliet ont choisi de se conformer à la requête du propriétaire, mais estiment ne pas comprendre pourquoi la compagnie a choisi de réagir maintenant.
« Cela fait plus d’un an que les quelques aménagements ont été installés par les citoyens, explique M. Van Vliet. Nous n’avons jamais eu aucun avertissement. On se sent insulté de ne pas avoir pas été contacté personnellement et que ce soit un huissier qui vienne nous transmettre le message. C’est choquant. »
Le porte-parole du comité les AmiEs du parc des Gorilles reconnaît que Développement Olymbec « est légalement dans son droit » et qu’aucune demande d’occupation ne lui a été adressée.
Cependant, M. Van Vliet indique qu’aucune action n’a été cachée à l’entreprise. « On a déjà eu des gens d’Olymbec qui sont venus et nous ont demandé ce que l’on faisait. Mais, nous n’avions jamais eu de retour. Il n’y a aucun panneau indiquant une propriété privée ou une quelconque interdiction », estime le résident.
Le comité a prévu de nettoyer le terrain mardi, en fin de journée et espère trouver un nouvel endroit pour y installer ses aménagements.
Le maire de Rosemont-La Petite-Patrie, François Croteau, a invité le comité à s’approprier le domaine public avec leurs aménagements, si tel était leur souhait.
M. Croteau a déploré l’attitude de Développement Olymbec qu’il juge « irresponsable et cavalière ».
« Je ne suis pas surpris que la compagnie ne collabore pas, explique-t-il. Ce n’est pas une entreprise exemplaire. Ils agissent comme ils l’ont fait en rasant les arbres. »
Contacté à deux reprises, l’avocat de la compagnie n’a pas répondu aux appels.
Rappelons que le terrain en question fait l’objet d’une réserve foncière de la part de l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie depuis deux ans, pour y aménager un nouveau parc.
La Ville de Montréal a intégré le projet dans son Plan de développement urbain, économique et social des secteurs Marconi-Alexandra, Atlantic, Beaumont, De Castelnau. Le conseil municipal a d’ailleurs adopté le 25 mai, le règlement autorisant l’emprunt de 35 M$, qui en permettra la réalisation.
Mais, il faut désormais que la Ville fasse l’acquisition du terrain.
M. Croteau a l’intention de « continuer à mettre de la pression » pour faire avancer le dossier le plus rapidement.
« On est très déterminé à ce qu’Olymbec n’est plus rien à voir avec ce terrain, et ce, le plus tôt possible. On risque de se retrouver avec une expropriation », a-t-il ajouté.