L’UPAC débarque chez Bernard Trépanier
L’Unité permanente anticorruption (UPAC) a procédé jeudi à une nouvelle perquisition en lien avec le scandale des compteurs d’eau. Elle s’est rendue au domicile de l’ancien argentier du parti Union Montréal, Bernard Trépanier, surnommé «Monsieur 3%».
Dès 7h, une dizaine d’enquêteurs de l’UPAC se sont présentés dans un complexe de condominiums du boulevard Gouin, à Montréal-Nord, accompagnés par des policiers de la Sûreté du Québec.
Aucune arrestation n’était prévue durant cette opération.Les enquêteurs étaient à la recherche de documents ou d’autres types d’éléments de preuve. Un maître-chien a aussi été demandé sur les lieux pour fouiller l’appartement de M. Trépanier. Les enquêteurs pourraient aussi rencontrer des témoins.
Il s’agit de la neuvième perquisition depuis le début du mois de juillet en lien avec ce scandale, selon la porte-parole de l’UPAC, Anne-Frédérick Laurence.
Exaspéré
TC Media a joint l’avocat de M. Trépanier, Me Daniel Rock. Il trouve que l’UPAC est débarquée de façon plutôt cavalière au domicile de son client et de sa conjointe, tôt jeudi matin.
«C’est déplaisant. Ce sont des personnes âgées et l’UPAC arrive là et dit « Sortez d’ici. Vous reviendrez quand on aura fini ». C’est pratiquement une invasion de domicile. On les met dehors de chez eux», dénonce-t-il.
Par ailleurs, il souligne que c’est la deuxième fois, en l’espace d’un peu plus d’un an, que les policiers fouillent son domicile.
«On a l’impression qu’ils [les enquêteurs] ne savent absolument pas où ils s’en vont. Ils ont l’air complètement démunis. C’est rendu ridicule», juge l’avocat.
Commission Charbonneau
Bernard Trépanier a admis devant la commission Charbonneau qu’il sollicitait des dons destinés à Union Montréal auprès d’entreprises qui obtenaient des contrats avec la Ville. Il a toutefois nié avoir imposé à ces entreprises une ristourne de 3, mais il a reconnu avoir participé à un stratagème d’élections clés en main.
Le controversé contrat des compteurs d’eau, qui s’élevait à 355M$, a été octroyé par l’administration Tremblay-Zampino en 2007 au consortium GÉNIeau. M. Trépanier amassait alors des dons pour Union Montréal. Le contrat avait été suspendu puis annulé en 2009 quand une enquête eu révélé des irrégularités.
M. Trépanier fait face à des accusations de fraude, d’abus de confiance et de complot dans la foulée du scandale du Faubourg Contrecoeur.
Mercredi, la résidence principale et le chalet du maire de Montréal de l’époque, Gérald Tremblay, ont été perquisitionnés. Plusieurs anciens élus d’Union Montréal ont aussi reçu la visite des policiers, tels que l’actuel maire de Lachine, Claude Dauphin, et les anciens conseillers, Sammy Forcillo et Francine Sénécal. Des entreprises, telles que Dessau, BPR, Groupe SM et Morrow Communications, ont aussi été perquisitionnées par l’UPAC.
De nombreux résidents du complexe où habitait M. Trépanier et des tours à condos voisines étaient sortis sur leurs balcons pour observer les allées et venues des enquêteurs.
Le fils d’un résident du complexe, qui n’a pas voulu s’identifier, dit que son père le «voyait régulièrement passer dans l’immeuble».
Une dame, qui dit être la voisine de palier de M. Trépanier, s’est dite très surprise de voir débarquer les policiers, tôt jeudi matin.
«Je suis restée l’air bête en voyant tous les policiers arriver. On n’attendait pas du tout [M. Trépanier]. On faisait juste se dire bonjour», dit la dame, qui a préféré taire son nom.
Des résidents du complexe affirment qu’ils le voyaient passer fréquemment dans l’immeuble, surtout durant l’été.