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Des LaSallois à la rue sans ressource

Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Une dame invalide de 68 ans et son fils de 31 ans, souffrant de bipolarité, ont été expulsés en juillet de leur logement dans une habitation à loyer modique (HLM), à la suite de plusieurs plaintes du voisinage. Sans ressource, Nicole et Martin Bédard peinent à se trouver un nouveau toit.

Le 16 juillet vers 8h30, un camion de déménagement est arrivé au Domaine des rapides où habitaient Nicole et Martin. Leur logement a été rapidement vidé de tout son contenu, sans qu’ils puissent récupérer leurs effets personnels.

«On porte les mêmes vêtements depuis un mois. On les lave chaque jour. La ville ne nous permet même pas d’aller chercher un seul sac de vêtements. On doit tout prendre en même temps si on passe à l’entrepôt», explique Mme Bédard.

La famille a été expulsée parce que Martin n’est pas inscrit sur le bail du 2 ½ et en raison de plusieurs plaintes enregistrées durant le séjour du jeune homme,  notamment à cause du bruit.  La tentative de suicide du trentenaire en janvier 2014 sur son balcon a également fait peur aux autres locataires de l’immeuble.

Martin habitait avec sa mère depuis 2008, selon les données de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM). Bien qu’il soit éligible à un logement subventionné, comme sa mère, la loi stipule que tous les locataires doivent avoir leurs noms sur le bail, qu’ils doivent remettre 25% de leur revenu en guise de loyer en plus d’avoir deux chambres s’ils ne sont pas conjoints.

«J’ai fait la demande plusieurs fois pour que mon nom soit sur le bail et ça m’a été refusé à chaque fois. On a littéralement été mis à la rue pour rien», déplore Martin.

Du côté de l’OMHM, l’organisme responsable des HLM de Montréal, on soutient que la communication était difficile avec la famille Bédard. «On a tenté d’avoir de l’information à propos du deuxième locataire du logement, lorsque des voisins nous ont avisés de la situation, mais ça n’a jamais été possible», indique un chargé de communications de l’OMHM, Martin Després.

Le litige a été «réglé» devant la Régie du logement en janvier. Une entente d’éviction a alors été signée entre Nicole Bédard et l’OMHM, attestant que les locataires avaient six mois pour se trouver un nouveau logement.

«On a tordu le bras à ma mère pour qu’elle signe l’entente. Si elle ne signait pas, on lui a dit qu’on serait littéralement dans la rue dans un mois, soutient Martin Bédard.  Ma mère se disait que ça ne se pouvait pas, qu’on ne pouvait pas la mettre à la porte pour rien. Elle a toujours payé son loyer. »

Démunis

Depuis plus d’un mois, Nicole et Martin habitent chez une connaissance du jeune homme. L’expulsion d’un HLM entraîne un délai pouvant aller jusqu’à cinq ans avant de pouvoir retourner vivre dans un logement subventionné. La famille Bédard n’a pas les moyens de louer un appartement du marché privé.

«Ma mère n’a pas les moyens de perdre sa subvention», souligne Martin qui se considère comme un «aidant naturel». Selon lui, les employés du CLSC LaSalle leur proposaient des appartements trop chers et inadéquats pour la famille.

«On ne fait jamais d’éviction de gaité de cœur. C’est une mesure qui arrive vraiment en dernier recours», précise le porte-parole de l’OMHM.

Problématique

En 2014, c’était plus de 23 000 personnes sur l’île de Montréal, dont 905 à LaSalle, qui étaient en attente d’un HLM selon les données de l’OMHM.

«Le marché privé ne suffit pas à lui seul à assurer le besoin fondamental de beaucoup de gens qui est d’avoir un toit», dénonce Véronique Laflamme, organisatrice au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).

Selon les données du FRAPRU, les logements subventionnés représentent seulement 11% du parc locatif au Québec.

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