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Classes d’accueil de PGLO: le combat des jeunes immigrants

Photo: Vanessa Limoges

De l’Iran à la Corée en passant par la Russie, les jeunes immigrants de la classe d’accueil de l’école Paul-Gérin-Lajoie d’Outremont (PGLO) sont arrivés au Canada il y a moins de deux ans. Depuis, ils tentent de comprendre les codes de leur nouveau pays tout en assistant quotidiennement à plusieurs cours de français.

Le 2 décembre, TC Média a assisté au cours d’art dramatique de 14 jeunes immigrants, âgés de 12 à 17 ans, dont l’apprentissage du français est le plus avancé.

Ce jour-là, leur professeure, Mélissa Lefebvre, leur demande de participer à une activité bien singulière: déterminer à quel point ils se sentent Canadiens. Les jeunes doivent donc se situer sur une ligne où le point le plus à gauche représente leur pays d’origine, celui du centre indique que leur cœur balance entre leurs deux pays et le point plus à droite symbolise le Canada.

Arrivée de la Russie il y a un an, Ekaterina, 14 ans, se sent davantage Québécoise que Russe. «Si tes parents décident de déménager, c’est parce que le Canada t’offre une vie meilleure que ton pays d’origine», explique-t-elle pour justifier son sentiment d’appartenance à son pays d’accueil.

Bao, 14 ans, arrivé du Viêt-Nam il y a 11 mois, se place à un pas de la ligne du Canada. «La seule distinction, c’est mon visage et mon ascendance. Je me sens beaucoup plus Canadien que Vietnamien», avoue-t-il.

Min Bae, de la Corée du Sud, s’installe sur la ligne du centre. «Je ne suis pas confortable ni avec le Canada ni avec mon pays», indique-t-il, deux ans après être arrivé en sol canadien.

Pour Shinwoo, il n’est pas facile de choisir une place. Durant l’activité, il se déplace lentement de la ligne la plus à gauche, représentant pour lui la Corée du Sud, vers la ligne du centre. «Je ne suis pas certain de savoir où je me situe», lance-t-il avec franchise, précisant qu’il préfère encore son vrai nom, à son nom québécois, Éric.

Au terme de l’exercice, huit jeunes se placent du côté du Canada, deux au centre et quatre à quelques pas de leur pays d’origine.

Mme Lefebvre, qui organise de nombreuses activités leur permettant de s’exprimer sur leur réalité, considère que ses jeunes font preuve d’une grande force.

«Ils vivent tellement de changements en même temps et ils réussissent à le faire avec beaucoup d’ouverture, souligne leur enseignante Mélissa Lefebvre. Leur résilience est impressionnante!»

Vivre avec la différence
L’adaptation des jeunes immigrants ne se fait pas sans heurts. La langue est un gros défi. Les jeunes racontent qu’ils jouent souvent le rôle d’intermédiaire pour leurs parents avec les francophones. Ils relatent aussi qu’ils ont eu des frictions avec des Québécois alors qu’ils ne maîtrisaient pas encore la langue.

Mais être mis à l’écart demeure l’évènement le plus difficile pour ces jeunes.

«Lorsque nous sommes avec des étudiants des classes d’accueil, je me sens bien, mais avec les étudiants du régulier je me sens différent, souligne Mohammad, originaire de l’Iran. Dans mes classes de sport, ç’a été très difficile.»

«Au régulier, je n’ai pas d’équipe pour faire mes travaux, lance Ekaterina. Alors qu’en accueil je ne me sens jamais exclue.»

Les jeunes constatent toutefois que plus le temps passe, plus il est facile de s’intégrer.

«Le Canada est très multiculturel, alors je crois que les Québécois comprennent nos différences», soutient Camilar, qui explique ne s’être jamais senti différent.

Réfugiés syriens
La totalité des étudiants de la classe d’accueil croit que le Québec devrait accueillir les réfugiés syriens, mais ils précisent aussi comprendre les inquiétudes des Canadiens.

«Nous aussi nous avons peur des terroristes, mais il ne faut pas généraliser», soutient Kimia, d’origine iranienne.

Pour 12 des 14 étudiants de cette classe, dont plusieurs ont connu la guerre, le Québec représente un sentiment la sécurité. «Il ne faut pas oublier qu’ils n’ont pas voulu ce qui leur arrive, alors il faut les aider», lance Camilar.

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