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Des idées pour décarboniser le Québec

La version pimpée par des étudiants montréalais du projet de véhicule autonome Serpentine Photo: Maxime Constant, Benoit Labelle, Jahon Mousavi

La transition vers une économie «décarbonnisée» et plus durable sera très complexe à réaliser, et faute de temps, on n’aura pas le luxe de prendre de mauvaises décisions. Tel est en substance le message lancé par Réjean Samson, ingénieur et dg du Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable (CIRODD) qui organisait la semaine dernière un colloque sur la question. Échantillon de certaines idées qui contribueraient à façonner un Québec plus vert.

Transport. Un véhicule autonome sans chauffeur trouvant son énergie grâce à un mécanisme situé sous la chaussée et qu’on commanderait par téléphone : voilà le chaînon manquant du transport en commun, selon cinq étudiants de l’Université de Montréal (UdeM). Ils développent actuellement, le concept du chercheur Mathias Glaus de l’École de technologie supérieure, à qui on doit le projet de voiture autonome Serpentine. «Ça pourrait notamment se déployer au centre-ville ou dans les quartiers comme le DIX30 afin de relier les futures zones d’habitation, le centre commercial et la future gare de train», illustre Karl Massé, étudiant en design industriel. Mais attention, prévient Sylvain Plouffe, professeur à l’UdeM : si chaque utilisateur de l’autopartage réduit ses émissions de 1,2 tonne par an, tous les bénéfices écologiques peuvent s’annuler si, avec l’argent économisé grâce à l’autopartage, l’utilisateur décide de se payer un voyage dans le sud. C’est le fameux effet rebond, qui fait en sorte que les gains réalisés dans un secteur ne se répercutent pas forcément sur le bilan global.

Économie. Une économie plus verte passe forcément par la circularité : les déchets des uns peuvent devenir les ressources des autres. À Bécancour, la chaleur des usines pétrochimiques alimente des serres de tomates. «Là bas, ce sont plus de 1,4 million de tonnes de matières qui ont été détournées de l’enfouissement et 45 000 tonnes de Co2 qui ont été évitées», explique Julien Beaulieu, du Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTÉI), qui travaille actuellement sur une base de données des symbioses industrielles. L’avenir passera aussi par une meilleure efficacité énergétique. Des pertes d’énergie de 10 % sont enregistrées dans le transport de l’électricité par les lignes à haute tension, et dans la transformation du pétrole, on estime à 15 % les pertes, souligne Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC-Montréal, qui souligne aussi le manque d’efficacité énergétique des bâtiments. M. Pineau croit que la vapeur produite par les systèmes de chauffage des tours à bureaux pourrait être utilisée pour chauffer les trottoirs, au lieu d’être envoyée dans les égoûts.

Habitation. Le Québec compte une quarantaine de quartiers durables, d’écoquartiers et d’écohameaux. «Les municipalités, avec leurs réglementations, peuvent à la fois nuire et contribuer à l’aménagement de quartiers verts», souligne l’étudiant en maîtrise Charles Breton, qui déposera bientôt un rapport sur deux quartiers durables du Québec. Le Technopôle Angus, dans Rosemont, qui accueille 55 entreprises, vise 75 % d’embauche locale, alors que la Cité Verte, à Québec, prévoit une consommation annuelle en eau inférieure à la moyenne de 131 millions de litres, soit environ 42 piscines olympiques. Afin de développer des quartiers plus durables, le Québec devrait s’inspirer de l’Agence d’écologie urbaine de Barcelone, selon le professeur et architecte Daniel Pearl. «Là-bas, l’équipe compte une quarantaine de personnes recrutées parmi des ingénieurs, urbanistes, psychologues, géographes, biologistes. Au-delà de la multidisciplinarité, le secret réside dans la profondeur du diagnostic de début de projet. J’ai visité le quartier de Gracia, qui fait la moitié du Plateau en superficie. Il a été rendu quasiment piéton en un peu moins de quatre ans. Il y a même un système d’entrepôts de périphérie pour les commerces, avec approvisionnement par véhicules électriques. C’est spectaculaire», ajoute-t-il en espérant que le Québec s’inspire de cet exemple.

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