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Montréal-Nord: il faut «intensifier le dialogue» entre la police et les jeunes

Photo: Romain Schué / TC Media

Près d’un mois après les débordements qui ont secoué Montréal-Nord, l’agente de liaison qui sert de pont entre les policiers et les citoyens du secteur estime qu’il faut maintenant «intensifier le dialogue» pour améliorer les liens qui unissent les jeunes et les forces de l’ordre.

«Tout le monde doit réfléchir pour mieux servir la population de l’arrondissement, affirme Rose-André Hubbard, conseillère en développement communautaire au poste de quartier 39 du Service de police de Montréal, au sujet des événements qui ont troublé la manifestation pacifiste dédiée à Jean-Pierre Bony, décédé lors d’une intervention policière le 31 mars.

«On doit intensifier le dialogue pour trouver des solutions durables […] trouver un moyen, toujours, pour que tout le monde soit satisfait».

Embauchée à la suite des violentes émeutes qui ont suivi la mort de Fredy Villanueva en 2008, c’est la deuxième fois que Mme Hubbard doit composer avec les retombées d’incidents hautement médiatisés qui peuvent donner l’impression que le rapport entre policiers et Nord-Montréalais s’envenime.

Je suis celle par qui le dialogue se crée en cas de problématique. Mais je ne me substitue pas à la police, je joue un rôle de conseil.» –Rose-Andrée Hubbard, conseillère en développement communautaire au pdq 39

«Je ne suis pas là pour défendre le rôle des agents mais pour trouver, avec eux et les citoyens, une meilleure manière d’intervenir sur cette perception. On ne peut pas critiquer tout un système en raison d’une intervention ou d’un comportement.»

Si de nombreux organismes communautaires de Montréal-Nord craignent toujours de connaître de nouveaux débordements, Mme Hubbard se veut rassurante.

«Je ne crois pas à un retour en arrière. Les discussions n’ont pas été rompues», clame la psychologue de formation, ajoutant que ce n’est pas qu’à la police de faire le travail de conciliation.

«Tous croient en Montréal-Nord»
Alors qu’elle se considère «comme une ambassadrice d’une communauté composée de citoyens et de policiers», Rose-Andrée Hubbard, qui rejette l’idée d’une zone de non-droit à Montréal-Nord, imagine un objectif commun pour les organismes et le PDQ.

«Lorsque je rencontre des jeunes qui ont le même âge que mon aînée, mais qui pensent que leur vie est vouée à l’échec, ça vient me chercher et ça me fait mal. Il faut arriver à leur faire comprendre qu’ils ont le droit de rêver», reprend-elle, confiante, avant de marteler la ténacité de plusieurs de ses collègues.

«Parmi les agents sociaux-communautaires ou les patrouilleurs, je n’ai jamais vu une pointe de démotivation ou de démobilisation, même après les incidents du 6 avril. Tous croient en Montréal-Nord.»

Rose-Andrée Hubbard a quitté Haïti pour s'installer à Montréal en 2002 avec ses trois filles.
Rose-Andrée Hubbard a quitté Haïti pour s’installer à Montréal en 2002 avec ses trois filles.

«Je sentais que je pouvais faire une différence»

Montréal-Nord, Rose-Andrée Hubbard le chérit. Psychologue et présentatrice sur la Télévision Nationale d’Haïti avant son arrivée dans l’est de Montréal en 2002, cette mère de trois filles, ex-intervenante sociale puis directrice adjointe de la Maison des jeunes l’Ouverture, privilégie le sourire et «l’humilité» pour décrire son parcours et son rôle «primordial», selon de nombreux acteurs du quartier.

Tout débute en septembre 2008, quelques semaines après les émeutes qui ont suivi l’affaire Villanueva. Contactée par un PDQ 39 à la recherche de solutions pour améliorer les liens entre les citoyens et des policiers régulièrement décriés, elle n’hésite guère avant «d’aller de l’autre côté de la barrière.»

«Pourtant, j’ai eu peur, rigole à présent celle qui tient à préciser qu’elle n’a ni armes ni formation policière. Je travaillais avec des jeunes qui critiquaient la police et je craignais la réaction des deux bords, notamment celle des policiers car je suis une femme, je viens d’Haïti et je suis une civile.»

Une angoisse rapidement balayée par ses convictions.

«Je sentais que je pouvais faire une différence et surtout, je voulais redonner au Québec et à l’arrondissement tout ce qu’ils m’ont apporté à mon arrivée».

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