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Un couple âgé expulsé de son logement

Photo: Nafi Alibert/TC Media

Le comité logement du Plateau-Mont-Royal (CLPMR) a constaté une hausse des évictions dans l’arrondissement où les locataires, souvent mal informés de leurs droits, se retrouvent démunis face aux reprises de logement qui se multiplient.

«22 % de nos interventions de service cette année ont concerné des reprises de logement et des évictions», a déploré Gabrielle Renaud, organisatrice communautaire au CLPMR alors qu’elle venait soutenir les locataires qui ont dû quitter leurs logements suite à la décision du propriétaire de faire des travaux d’agrandissement dans ses trois immeubles de l’Avenue de L’Esplanade.

«18 évictions sauvages»
Il ne reste plus que trois locataires dans les immeubles concernés de l’Avenue de l’Esplanade, mais comme les 14 autres foyers qui y ont vécu des dizaines d’années, ils devront bientôt quitter les lieux.

«Nous avons reçu un préavis de trois mois au début du mois de janvier. Quitter ce logement après tant d’années a été un terrible déracinement pour nous», déplore la voix pleine de sanglots Mme Panagakos, 73 ans accompagnée de son époux Georges, 82 ans.

En guise de dédommagement le propriétaire leur a «offert» trois mois de loyer et un camion de déménagement. «Mais nous nous déplaçons avec difficulté, c’est notre fille qui a dû prendre en charge les frais de déménagement », explique M. Panagakos appuyé sur sa canne.

Mal informé
Dégâts des eaux, chauffage brisé, balcon sur le point de s’effondrer, selon les différents témoignages recueillis, le propriétaire aurait délibérément laissé ses propriétés se délabrer pour pousser les locataires à déménager.

Le député de Québec Solidaire, Amir Khadir, n’a pas hésité à qualifier les pratiques du propriétaire de «banditisme». «C’est totalement scandaleux! On aurait éventuellement pu pardonner ces manières de faire de n’importe quel autre propriétaire, mais le propriétaire est un avocat en droit immobilier», a-t-il rappelé.

Comme le couple Panagakos, la majorité des locataires n’étaient pas au courant de leurs droits. Seules sept des 18 locataires évincés ont déposé un recours auprès de la Régie du logement, mais toutes les ententes se sont finalement réglées « à l’amiable ».

La ville impuissante
Dévastée par le départ de ses voisins de longue date, c’est Marie-Pierre Bermont qui a alerté les élus lors d’un Conseil d’arrondissement.

Mais, c’est la Régie du logement qui gère les évictions et la Ville n’a que des pouvoirs limités pour empêcher cela.

Vers une nouvelle loi?
Afin de limiter les évictions des personnes les plus vulnérables, Québec Solidaire a déposé un projet de loi  à l’automne dernier qui obligerait les propriétaires à proposer un logement équivalent aux locataires évincés de 65 ans et plus.

«Il faut absolument protéger les plus démunis, mais le projet de loi avance à pas de tortue », se désole M. Khadir. Contraints de quitter le Plateau, M. et Mme Panagakos habitent aujourd’hui un appartement sur le Boulevard Acadie.

Le journal Le Plateau a tenté à plusieurs reprises de joindre le propriétaire des immeubles, mais n’a obtenu aucune réponse.

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