Lieux de culte: la communauté hassidique dénonce une «consultation bidon»
La consultation publique sur le projet d’interdiction des lieux de culte sur les artères commerciales d’Outremont a tourné au vinaigre mardi soir, alors que la trentaine de membres de la communauté hassidique présents se sont levés en bloc et ont quitté la salle au milieu de l’assemblée.
Vers 20h, la mairesse Marie Cinq-Mars a tenté d’interrompre une résidente offrant un plaidoyer contre le projet de règlement, qui prévoit prohiber la construction de nouveaux lieux de culte sur les avenues Bernard et Laurier. Cette dernière avait dépassé les trois minutes allouées aux interventions citoyennes.
Sous un signe d’un leader de la communauté, les juifs présents se sont levés en brandissant des pancartes «consultation bidon», avant de sortir du Centre communautaire intergénérationnel d’Outremont, où près de 200 résidents étaient réunis pour l’occasion.
«Comme l’a dit Albert Einstein, la définition d’une bêtise est de refaire la même chose encore et encore et espérer un résultat différent, a indiqué Abraham Ekstein, l’un des leaders de la communauté hassidique. Nous avons assisté à plusieurs consultations et plusieurs séances du conseil. Les élues écoutent, mais seulement les gens qui sont de leur avis.»
Au cours de la soirée, la mairesse a mentionné que le projet de règlement visait avant tout à revitaliser les artères commerciales. Elle a rappelé qu’Outremont était le dixième arrondissement à réfléchir sur sa réglementation. «Nous n’avons rien contre les lieux de culte qui sont déjà implantés. Mais nous n’en voulons pas de nouveaux.»
Des propos qui ont offensé M. Ekstein. «Le chat est sorti du sac. Les élues tiennent une consultation publique, mais elles ont déjà décidé ce qu’elles allaient faire. C’est contre-productif.»
La communauté hassidique compte utiliser tous les moyens permis par la démocratie afin de se faire entendre dans ce dossier, et n’exclut pas un recours judiciaire.
Pétition
La grande majorité des citoyens qui se sont avancés au micro appuyaient toutefois le projet de règlement. Une pétition, signée par 1350 personnes, a été déposée afin de soutenir la démarche des élus.
«Les programmes de subvention offerts par la Ville de Montréal, notamment Réussir@Montréal, imposent des critères de densité commerciale. Une augmentation des lieux de culte pourrait priver les avenues Laurier et Bernard de leur droit aux subventions de revitalisation», a affirmé Daniel Major, signataire.
Les élues d’Outremont tiendront une séance spéciale du conseil d’arrondissement le 30 mai afin de voter sur la version actuelle ou modifiée du projet. Un avis public sera ensuite publié pour inviter les personnes intéressées à déposer une demande de participation référendaire, qui pourrait mener vers un référendum.