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Plus de 70 morts violentes dans les prisons du Québec depuis 2010

Photo: Archives Métro
Michel Moyneur - Info07 / TC Media

Les établissements carcéraux du Québec ont été le théâtre de 73 décès violents entre 2010 et 2015. 

C’est ce que révèlent des données obtenues par TC Media en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.

Le Bureau du coroner a enquêté sur chacune de ces morts.

Le suicide constitue la principale cause de disparition de détenus. Au cours des six dernières années, 45 d’entre eux ont mis fin à leurs jours derrière les barreaux de leur cellule.

Qui plus est, 22 morts ont résulté d’accidents, 2 individus ont été assassinés – un homme de 35 ans à la prison de Bordeaux en 2012 et un détenu du même âge à la prison de Rivière-des-Prairies l’année suivante – et la nature de quatre décès n’a pu être déterminée avec exactitude.

De ces 73 personnes, 70 étaient des hommes, apprend-on en décortiquant les documents reçus. 

À noter que, selon un profil de la population correctionnelle québécoise dressé par le ministère de la Sécurité publique et publié en 2014, les femmes représentent à peine 6% des gens incarcérés.

L’âge moyen des détenus qui ont connu une fin tragique à l’intérieur des prisons et pénitenciers de la province s’établit à 40 ans, relatent par ailleurs les statistiques sur la question.

Bon an mal an, le Bureau du Coroner est saisi de 10 à 12 dossiers annuellement. En 2012, cependant, l’organisme gouvernemental a eu à faire la lumière sur 24 décès. Du nombre, 15 détenus ont mis un terme à leurs jours intentionnellement.

C’est entre les murs de l’établissement de détention de Rivière-des-Prairies, à Montréal, qu’a été enregistrées le plus de morts violentes depuis 2010, avec un total de 10. Les prisons de Bordeaux et de Québec ainsi que les pénitenciers fédéraux de Donnacona et de Sainte-Anne-des-Plaines suivent avec six décès constatés chacun.

«Un grand stationnement»
Pour le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, ces chiffres pourraient être moins élevés si leurs 2700 membres étaient formés adéquatement afin d’identifier les détenus aux idées noires.

«Ça fait longtemps qu’on décrit le fait que notre système carcéral est dans la misère, qu’on est les enfants pauvres, et que ça va en s’accentuant chaque année», indique le président syndical, Mathieu Lavoie. 

«Il faut comprendre que les détenus ont des droits. On ne peut les attacher sur un lit et leur dire: « Vous ne ferez rien ». La personne qui veut vraiment passer à l’acte peut y arriver.»

«Mais c’est sûr que la formation donnée aux agents devrait être améliorée, poursuit M. Lavoie. On le dit depuis plusieurs années. Malheureusement, dès que l’État manque d’argent, au niveau des services correctionnels, la première chose qui est coupée, c’est la formation aux agents. Des sommes en ce sens devront être investies à un moment donné.»

Surtout que les ressources à la disposition des détenus, comme des psychologues, sont «plutôt absentes» dans les prisons québécoises.

«Les établissements provinciaux, c’est un grand stationnement où on met les gens, souligne M. Lavoie. On n’a pas les ressources et les outils. Les intervenants de première ligne sont les agents correctionnels à qui on dit toujours de faire plus avec moins.»

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