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Bruce Carson accusé de trafic d'influence

Photo: Jake Wright/La Presse canadienne

OTTAWA – Autrefois condamné au criminel, puis conseiller du premier ministre Stephen Harper, Bruce Carson a vu sa carrière prendre un autre détour vendredi lorsqu’il a été accusé de trafic d’influence par la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Cette dernière a publié un bref communiqué vendredi dans lequel elle explique que M. Carson est soupçonné d’avoir accepté de l’argent pour un tiers en lien avec un projet d’affaires impliquant le gouvernement fédéral.

Il fait face à un chef d’accusation de fraude gouvernementale, ou trafic d’influence, en vertu des dispositions du Code criminel.

L’enquête de la GRC a débuté en mars 2011, après que le bureau du premier ministre eut effectué un signalement à la police fédérale.

Le bureau demandait à la GRC d’enquêter sur Bruce Carson après avoir été mis au courant d’allégations voulant que l’ancien conseiller avait fait du lobbying auprès du gouvernement pour le compte d’une entreprise pour laquelle sa conjointe travaillait.

Sans faire bien du bruit, M. Carson a quitté ses fonctions au gouvernement fédéral en 2008 afin de devenir le directeur administratif de l’École de l’énergie et de l’environnement du Canada, qui a reçu 15 millions $ en financement gouvernemental.

Le ton a cependant changé vendredi.

Le porte-parole du premier ministre, Andrew MacDougall, y est allé d’une brève déclaration.

«Immédiatement après avoir été informé de ces allégations l’an dernier, notre gouvernement a transmis l’affaire au commissaire de la GRC, au commissaire à l’éthique et au commissaire au lobbying», a indiqué M. MacDougall.

«Tout individu qui enfreint nos lois doit faire face à la justice et subir toutes les conséquences qui en découlent.»

Bruce Carson, âgé de 66 ans, doit se présenter en cour pour une première audience le 10 septembre.

Son avocat, Pat McCann, a confirmé que M. Carson, qui n’est pas en détention préventive, a été sommé de se rendre en cour cette journée-là.

«Nous avons bien peu d’information pour l’instant», a-t-il déclaré. «M. Carson entend se défendre avec vigueur.»

Le porte-parole néodémocrate en matière d’éthique, Charlie Angus, a qualifié l’accusation de trafic d’influence de «très sérieuse», ajoutant qu’elle exposait le besoin qu’un gouvernement soit responsable dans une démocratie.

«Stephen Harper et son gouvernement ont seulement fait état de problèmes dans les agissements de Bruce Carson après que les médias les eut rendus publics. Comme d’habitude, les conservateurs ne reconnaissent leurs problèmes d’éthique qu’une fois après s’être fait prendre», a écrit M. Angus dans un communiqué.

«Le premier ministre n’a toujours pas expliqué, ou pris la responsabilité, pour le fait que son entourage proche était constitué d’une personne coupable d’actes criminels pour fraude.»

Le député libéral Scott Andrews, qui est porte-parole en matière d’éthique pour ce parti, voit dans l’affaire Carson une histoire de plus à ajouter à la liste de controverses en lien avec l’éthique qui éclaboussent le gouvernement conservateur canadien.

«M. Harper semble avoir pris l’habitude de s’entourer de personnages véreux», a écrit M. Andrews dans un communiqué, où il nomme également de nombreux membres du conseil des ministres qui sont eux aussi au coeur d’imbroglios.

«Si nous sommes en quelque sorte le reflet de notre entourage, alors je suggère fortement à M. Harper de réévaluer ses choix quant aux personnes qui l’entourent.»

Le secrétaire parlementaire de Stephen Harper, Dean Del Mastro, nie des allégations d’Élections Canada qui veulent qu’il ait dépassé la limite des dépenses lors de l’élection de 2008 et qu’il ait ensuite tenté de camoufler son geste.

Plus tôt cette semaine, le directeur de campagnae du ministre des Affaires intergouvernementales, Peter Penashue, s’est excusé pour avoir fait des erreurs et des omissions dans les documents après qu’un rapport eut conclu que l’équipe de M. Penashue avait dépassé la limite légale pour les dépenses par 4000 $.

Le ministre de l’Industrie, Christian Paradis, anciennement ministre des Travaux publics, a été averti par le commissaire à l’éthique après qu’il eut suggéré à des employés de son ministère d’organiser des rencontres avec deux entreprises de sa circonscription en 2009.

Dans les trois cas, les allégations n’ont pas été prouvées en cour, et aucune accusation n’a été déposée.

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